L’organisation néerlandaise Plastic Soup Foundation a publié, le 7 avril 2022, une étude dans laquelle elle a évalué plus de sept mille sept cents produits cosmétiques. Selon ses conclusions, 87 % d’entre eux comportent des microplastiques. On ignore presque tout des effets de ces substances sur la santé humaine. Cependant, on en trouve des traces presque partout (dans les océans, les rivières, la nourriture, les animaux…), ce qui accroît les inquiétudes quant à l’ampleur de la pollution par les particules de plastique dans le monde.
Le 24 mars 2022, la revue Environment International avait d’ailleurs publié les résultats d’une autre étude menée par des chercheurs néerlandais qui ont détecté des microplastiques dans le sang humain. Les scientifiques ont analysé les échantillons sanguins de vingt-deux donneurs, et des microplastiques ont été découverts chez dix-sept d’entre eux. La moitié des échantillons contenait des traces de polytéréphtalate d’éthylène (utilisé pour la fabrication de bouteilles et de fibres polyester). Plus d’un tiers renfermait du polystyrène (employé pour des emballages alimentaires).
Les dix marques inspectées par la Plastic Soup Foundation appartiennent à quatre entreprises : L’Oréal, Beiersdorf, Procter & Gamble et Unilever. L’étude accuse les multinationales de ne pas suffisamment se mobiliser pour lutter contre les microplastiques dans leurs produits. Mais l’association professionnelle Cosmetics Europe estime pour sa part que le rapport de la Plastic Soup Foundation « brosse un tableau trompeur de la situation à propos des microplastiques et des cosmétiques et produits de soins personnels ». Selon l’organisation, les produits cosmétiques et de soins personnels disponibles dans l’Union européenne sont sans danger pour les consommateurs, et tous doivent se conformer à une législation très stricte.
Toutefois, la fondation a émis des craintes quant au fait que les propositions de l’UE visant à introduire de nouvelles restrictions sur l’ajout de microplastiques aux produits pourraient s’avérer trop timides et inefficaces pour résoudre le problème. La législation sera débattue à Bruxelles en juin en vue de son adoption avant la fin de l’année 2022. La fondation pense qu’il y a un risque pour que les nouvelles règles reposent sur la définition des microplastiques de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), qui exclut la majorité des polymères synthétiques. Cela signifierait que la législation s’appliquerait à moins de 4 % des microplastiques utilisés dans les produits cosmétiques disponibles sur le marché communautaire.