La Banque asiatique de développement (BAD) a annoncé le 3 novembre 2021 la création d’un fonds qui rachètera des centrales à charbon en activité afin de procéder à leur fermeture anticipée et de les remplacer par des solutions en énergies renouvelables. Pour réduire les coûts de financement, ce mécanisme sera financé par un mix de capitaux propres, de dette et de financements « concessionnels » provenant de sources variées (gouvernements, philanthropie, investisseurs privés). Le fonds pilote de 2,5 à 3,5 milliards de dollars se concentrera sur l’achat de centrales en Indonésie, aux Philippines et au Viêt Nam dans le but de fermer la moitié de leur parc au cours des dix à quinze prochaines années, raccourcissant ainsi fortement leur durée de vie moyenne. Ces centrales fonctionneront cependant encore un certain temps avant leur fermeture.
Mais, dans une lettre adressée à la banque multilatérale, plus de soixante organisations de la société civile lui ont demandé de clarifier la façon dont ce mécanisme permettra de raccourcir plutôt que de prolonger la durée de vie des installations au charbon. Selon les auteurs de la lettre, il n’est pas évident que le mécanisme accélérera la transition vers les énergies renouvelables et protégera les utilisateurs finaux contre l’augmentation du coût de l’électricité. Les centrales électriques des pays cibles ne sont, en effet, pas soumises aux pressions du marché, sont financièrement soutenues par les États et font l’objet d’accords d’achat d’électricité opaques. Les organisations se réfèrent également à une analyse du groupe de réflexion étatsunien Institute for Energy Economics and Financial Analysis qui suggère que, s’il est mal conçu, un tel programme pourrait finalement inciter, directement ou non, les exploitants de centrales électriques à charbon à prolonger leurs opérations.