Le sort de la minorité ouïgoure dans la province du Xinjiang en Chine fait l’objet d’intenses protestations de la part de la communauté internationale, qui reproche aux autorités chinoises d’organiser le travail forcé de cette population. Les accusations visent différents produits comme le textile (coton) ou les panneaux photovoltaïques. Mais les soupçons de travail forcé à l’égard de cette communauté sont désormais portés en dehors de leur région d’origine. Le 7 octobre 2021, l’agence Reuters a ainsi indiqué que le fabricant américain de télécommandes et de systèmes de contrôle à distance Universal Electronics Inc. (UEI), coté au NASDACQ, avait recours à des travailleurs ouïgours transférés depuis la ville de Hotan dans le Xinjiang vers son usine de Qinzhou, située dans la région autonome du Guangxi, à plusieurs milliers de kilomètres.
D’après les auteurs de l’enquête, les autorités du Xinjiang ont payé des vols charters pour amener des ouvriers ouïgours sous escorte policière jusqu’à l’usine UEI de Qinzhou. Sur place, ces travailleurs sont également surveillés par la police. Ils mangent et dorment dans des zones à l’écart des autres salariés. Selon un article publié en mars 2020 sur le site internet officiel de la police de Qinzhou, UEI a accepté de fournir à la police des rapports quotidiens sur les ouvriers. Les Ouïgours, et uniquement eux, doivent aussi participer à des « activités éducatives » encadrées par la police et les autorités judiciaires de Qinzhou au sein des installations d’UEI.
Les organisations de défense des droits humains affirment qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais qu’il entre dans le plan chinois visant à contrôler la population ouïgoure. Des responsables du Xinjiang ont par ailleurs déclaré lors d’une conférence de presse à Pékin fin juillet que les transferts de travailleurs hors du Xinjiang étaient courants et que ces ouvriers allaient là où le marché avait besoin d’eux. UEI a confirmé avoir conclu un accord avec les autorités du Xinjiang en 2019, après avoir été approché par un agent tiers collaborant avec le gouvernement du Xinjiang. C’est cet agent qui embauche et paie les ouvriers ; aucun contrat individuel n’est signé entre ces derniers et UEI.
Le département d’État américain affirme avoir rencontré des situations de travail forcé impliquant des Ouïgours en dehors du Xinjiang. En vertu de la législation américaine, les personnes physiques ou morales présentes aux États-Unis qui ont sciemment recours à cette pratique peuvent voir leur responsabilité pénale engagée, même lorsque le travail forcé a lieu dans un pays tiers. L’importation de marchandises aux États-Unis entièrement ou en partie fabriquées grâce au travail forcé est également considérée comme un crime, selon l’article 307 du Tariff Act de 1930. UEI a précisé à Reuters qu’il n’exportait vers les États-Unis qu’une très petite quantité de produits confectionnés dans son usine de Qinzhou. Étant donné les difficultés de prouver qu’une entreprise bénéficie de travail forcé à l’étranger, les experts juridiques estiment qu’il existe très peu de poursuites aux États-Unis. Quoi qu’il en soit, depuis les informations révélées par Reuters, l’action d’UEI a décroché de plus de 10 % par rapport au NASDACQ.