L’entreprise britannique G4S est le leader mondial dans le domaine de la sécurité. Elle est régulièrement citée dans des affaires liées à des atteintes aux droits humains de certains groupes de population (voir IE). Dans ce secteur d’activité, les salariés sont également parfois soumis à des conditions de travail particulières (interventions dans des zones à risque, travail de nuit ou en extérieur, etc.) qui peuvent aussi générer des violations des droits sociaux fondamentaux et exposer les donneurs d’ordre de leurs employeurs sur un plan juridique. Le Conseil d’éthique du fonds souverain norvégien a annoncé le 14 novembre qu’il avait inscrit G4S sur sa liste noire (la liste des sociétés exclues de son univers d’investissement) pour ses pratiques au Qatar et aux Emirats arabes unis. A la suite de cette annonce, le cours de l’action de l’entreprise a chuté de 3,5 % en deux heures. Après une enquête minutieuse, le fonds norvégien a constaté que G4S employait, dans ces pays, de nombreux travailleurs migrants en provenance d’Asie du Sud (Inde, Pakistan, Népal…). Ces migrants, qui avaient dû s’endetter pour accéder à un emploi (frais pouvant aller jusqu’à 1 800 dollars), percevaient un salaire compris entre 130 et 170 dollars (bien inférieur à ce qui leur avait été annoncé dans leur pays et insuffisant pour rembourser leur dette), leurs passeports avaient été confisqués, ils étaient soumis à de nombreuses heures de travail et faisaient l’objet d’intimidations et de menaces de licenciement… Le Conseil d’éthique a indiqué qu’il existait « un risque inacceptable que la société contribue à des violations systématiques des droits humains ». L’entreprise, qui était au courant de sa mise sous surveillance par le fonds, a répondu qu’elle avait pris des mesures pour améliorer la situation. Mais le Conseil a déclaré, de son côté, que ces mesures étaient insuffisantes pour mettre un terme aux abus.