Les travailleurs de l’industrie minière sont depuis longtemps exposés à de terribles conditions de travail. Certaines régions et certains minerais sont particulièrement sensibles. Dans le cas du cobalt, les conditions de travail épouvantables prévalant en République démocratique du Congo ont été révélées à la communauté internationale dans une étude publiée en janvier 2016 par l’association Amnesty International (IE n° 228). Hélas, de nombreuses entreprises s’approvisionnent en métal sur les marchés internationaux, ce qui rend la traçabilité des achats particulièrement difficile. Durant l’été 2017, deux traders avaient exprimé leur inquiétude sur les conditions sociales dans lesquelles des quantités de cobalt faisant l’objet de transactions sur le London Metal Exchange (LME) avaient été extraites (IE n° 270). A la suite de cela, le LME a diligenté une étude. Le 5 octobre dernier, il a pris position sur le sujet en indiquant que les fournisseurs de métaux utilisant sa plate-forme devront désormais évaluer les risques sociaux et environnementaux liés à leurs approvisionnements.
Les entreprises proposant du cobalt et de l’étain – des métaux classés dans la catégorie « higher-focus » – devront adopter une démarche alignée sur le Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque. Pour les autres métaux, les sociétés devront effectuer une auto-évaluation pour confirmer le statut de « lower-focus » de ces métaux. Si un signal d’alerte (red flag) est observé au cours de l’évaluation, les « marques » (brands) concernées seront classées dans la catégorie « higher-focus » et devront respecter la procédure adéquate. Pour le cobalt et l’étain, une conformité avec le standard sera exigible d’ici à la fin de 2020. Pour les autres métaux, la limite est fixée à la fin de 2021. Le LME ouvre son document à la concertation jusqu’au 30 novembre. L’association Global Witness a déjà réagi à cette annonce en indiquant que les mesures proposées ne répondent pas aux préconisations de l’OCDE sur plusieurs points. En l’occurrence, dans sa version actuelle, la proposition du LME n’exige pas clairement de tous les producteurs des « marques » faisant l’objet d’une cotation un compte-rendu public annuel des efforts engagés en matière de diligence raisonnable et la fourniture d’assurances au marché. Les rapports publics sont d’autant plus indispensables qu’un document produit en avril 2018 par l’OCDE a montré les importantes lacunes des pratiques d’audit.