Les banques sont de plus en plus souvent considérées comme ayant une part de responsabilité dans la promotion ou, à l’inverse, dans la détérioration du “ cadre sociétal ” qui entoure les affaires. Cela répond finalement à une certaine logique : en effet, si les banques répondent à la demande, elles ont également la possibilité de choisir les axes de développement dont elles estiment qu’ils sont le plus en adéquation avec leur politique et leur stratégie globale. Cette conception commence à être intégrée par les établissements bancaires. A l’occasion de la Semaine du développement durable, BNP Paribas a ainsi lancé un guide d’information, intitulé Transparence et responsabilité : épargner avec BNP Paribas, qui récapitule de manière claire la politique du groupe en ce qui concerne son offre d’épargne. La banque exclut ou encadre notamment quelques activités de son univers d’investissement, quel que soit le produit d’épargne dont elle assure la gestion (à l’exception des fonds indiciels).
Si ces avancées du secteur bancaire sont importantes et intéressantes, elles restent en retrait par rapport aux demandes de nombreuses ONG, soit parce que les exigences affirmées sont trop timides, soit parce que des thèmes importants ne sont pas abordés. Il en est ainsi des questions de génocide et de crimes contre l’humanité. Sur ce thème, l’association Investors Against Genocide déposera pour la deuxième année consécutive un projet de résolution lors de l’assemblée générale de JPMorgan Chase qui doit se dérouler le 15 mai prochain en Floride. La banque étant l’un des principaux actionnaires de PetroChina, qui mène des activités d’exploration et de production pétrolières au Soudan, le projet de résolution demande au conseil d’administration de publier une procédure transparente pour éviter tout investissement dans des entreprises dont les activités contribueraient à des situations relevant du génocide ou de crimes contre l’humanité. La question des investissements au Soudan reste très sensible en Amérique du Nord. On se souvient, du reste, de l’énorme pression internationale exercée à l’encontre de l’entreprise pétrolière canadienne Talisman Energy (campagnes d’opinion, class actions…) qui avait conduit la compagnie à céder en 2003 les intérêts qu’elle détenait dans ce pays et son ancien président à avouer publiquement qu’il regrettait sa décision d’investir au Soudan.