La campagne pour l’élection présidentielle américaine et son résultat ont brutalement incarné la victoire du repli sur soi et la défaite de l’esprit d’ouverture. Au-delà de l’événement et des inquiétudes qu’il suscite sur de nombreux aspects, il faut à nouveau s’interroger sur les raisons qui expliquent une telle incompréhension des sentiments éprouvés actuellement par des centaines de millions de personnes à travers le monde. Les interprétations sont nombreuses et il y a fort à parier qu’elles vont encore se multiplier pour essayer de démêler les principes présidant aux formidables mutations que nous sommes en train de vivre. Une chose est sûre pourtant. La taille du gâteau à partager croît plus lentement, le nombre de personnes qui veulent y accéder grandit et l’idée que la croissance ne peut se faire à n’importe quel prix s’impose peu à peu. De quoi alimenter toutes les frustrations. La RSE peut-elle prospérer dans un tel environnement ? Ce sera difficile, mais elle a sa carte à jouer, car elle intègre, du moins dans ses principes, la sobriété dans l’utilisation des ressources (quelles qu’elles soient) et l’association véritable des parties prenantes à la bonne marche des entreprises. Mais il y a parfois loin des principes à la réalité. En outre, cela suppose de renoncer à certains avantages immédiats, de prendre des risques à court terme et de parier qu’ils se transformeront à moyen terme en bénéfice, si possible collectif. Malheureusement, les mécanismes permettant cette transformation sont encore très imparfaits. Il est donc probable que les idées scandées par Donald Trump durant sa campagne, qu’elles soient en totalité ou en partie mises en œuvre au cours de son mandat, contrarieront les politiques de développement durable. Mais il est également certain que les partisans de ces politiques vont redoubler d’énergie.