Le 14 mars 2007, Chiquita, le géant américain spécialisé dans les fruits et l’un des plus importants producteurs mondiaux de bananes, avait accepté de payer une amende de 25 millions de dollars pour avoir volontairement versé, entre 1997 et 2004, 1,7 million de dollars au groupe paramilitaire colombien Autodefensas Unidas de Colombia (AUC – Autodéfenses unies de Colombie), une organisation placée sur la liste des groupes terroristes par le département d’Etat américain en 2001. A partir du mois de juillet de la même année, les familles de paysans, de leaders politiques et de syndicalistes colombiens torturés ou assassinés par l’AUC avaient commencé à porter plainte devant différentes juridictions américaines. Mais le 20 avril 2015, la Cour suprême des Etats-Unis avait définitivement rejeté leur requête en se référant à une de ses décisions de 2013 qui limitait les actions engagées par des ressortissants étrangers auprès des tribunaux américains dans le cadre de l’Alien Tort Statute. Le 3 juin 2016, une nouvelle décision d’un tribunal de district de Floride a finalement autorisé le fait que des poursuites puissent être menées auprès d’une cour fédérale, mais cette fois contre d’anciens dirigeants du groupe, dont l’ancien président-directeur général. Le jugement précise que les dirigeants étaient, à l’époque, parfaitement conscients qu’ils finançaient un groupe terroriste engagé dans « une campagne de terreur systématique […] contre de nombreux civils colombiens ».