Le groupe brésilien JBS est le plus grand producteur de viande mondial. Le 28 janvier 2024, la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, a intenté une action en justice contre JBS USA Food Company et JBS USA Food Company Holdings. Elle accusait ces sociétés d’avoir embelli les plans du groupe visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. De fait, JBS a induit le public en erreur quant à ses efforts pour réduire la déforestation et ses émissions de GES.
La procureure soulignait en particulier le manque de transparence et de crédibilité des plans climatiques de JBS, et notamment le fait que l’entreprise n’avait pas divulgué la part de ses émissions imputable aux changements d’affectation des sols, comme la déforestation. Or, la production de viande bovine serait responsable de plus des trois quarts de la destruction de l’Amazonie, selon le WWF. Par ailleurs, l’élevage bovin génère d’importantes émissions de méthane. La firme abat 27 millions de bovins par an dans 25 pays.
JBS USA a accepté, dans le cadre d’un accord signé avec la procureure générale le 31 octobre 2025, de présenter la neutralité carbone comme un « objectif » plutôt que comme une « promesse » ou un « engagement ». Par ailleurs, si l’entreprise met en avant des mesures visant à réduire ses émissions, sa communication devra désormais détailler ces actions.
La société étatsunienne Tyson Foods est considérée comme la deuxième plus grande firme productrice de viande au monde. En 2021, la multinationale s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle. Il y a environ deux ans, elle a commencé à promouvoir des projets de production de bœuf « climatiquement intelligent » (« climate-smart »).
Dans une plainte déposée le 18 septembre 2024 devant la Cour supérieure du district de Columbia, l’association EWG (Environmental Working Group), installée à Washington, a déclaré que ces affirmations étaient « fausses et trompeuses » pour les consommateurs, car Tyson Foods n’avait pas de plan pour réduire sensiblement les émissions de sa chaîne d’approvisionnement en bœuf. Celle-ci représente 85 % de l’empreinte climatique de l’entreprise. L’EWG a souligné que des études démontraient que les émissions de méthane et de protoxyde d’azote liées à l’élevage intensif de bovins de Tyson ne pouvaient être éliminées avec les technologies actuelles ou envisagées. Pour le moment, il est donc impossible pour Tyson de diminuer ses émissions entériques sans supprimer l’élevage bovin, ce qui rendait les allégations de « zéro émission nette » ou de « respect du climat » trompeuses.
EWG et Tyson Foods ont conclu un accord le 13 novembre 2025 dans lequel la société promet de ne plus formuler de telles allégations environnementales pendant cinq ans et de ne présenter de nouvelles affirmations approchantes que si elles sont étayées par une analyse d’experts pleinement indépendants et des faits vérifiés. Ni Tyson Foods ni JBS USA n’ont reconnu avoir commis un acte répréhensible.
