La faim ne se résorbe pas. Pourtant, un quart de la production alimentaire humaine mondiale est perdue ou gaspillée chaque année. On estime aussi que plus de 2 milliards d’adultes dans le monde sont en surpoids ou obèses. Produire plus ne règlera pas ce problème, ni celui des souverainetés alimentaires, même en réintroduisant des produits phytosanitaires interdits. Il y a des raisons systémiques qui président à ce paradoxe, à cette situation « indéfendable », pour reprendre le mot du secrétaire général de l’ONU. Mais aussi des facteurs aggravants, comme les conflits internes ou internationaux. Rappelons que le monde des affaires peut, directement ou indirectement, nourrir ou entretenir ces conflits ou, à l’inverse, tarir les ressources qui les alimentent. Lors d’une interview sur TF1, le 13 mai 2025, Emmanuel Macron a qualifié de honte ce que fait le gouvernement de Benyamin Netanyahou à Gaza. Mais, le 19 mai, il a aussi souhaité la suppression de la directive européenne sur le devoir de vigilance (CS3D) et de quelques autres régulations. Or cela aussi, c’est une honte, vis-à-vis de tous ceux qui subissent les insuffisances de chaînes d’approvisionnement qui héritent des problèmes sociaux et environnementaux externalisés par les donneurs d’ordres. C’est également faire injure à ceux qui, depuis des décennies, œuvrent pour une RSE de qualité et pour transformer les bonnes pratiques en règles, en lois. Une enquête a d’ailleurs montré qu’une large majorité d’entreprises européennes est attachée au maintien de la directive européenne sur le reporting extra-financier (CSRD). Alors, faut-il s’aligner sur le moins-disant social et environnemental ambiant ou, au contraire, redoubler d’efforts, surmonter les difficultés pour définir une identité rayonnante ?