Les points névralgiques pour l’examen des principaux impacts sociaux, environnementaux et sociétaux des entreprises sont, la plupart du temps, situés sur leur chaîne d’approvisionnement. Or, les grandes sociétés achètent leurs marchandises, services, matériels, composants ou matières premières auprès de centaines, de milliers, voire de dizaines de milliers de fournisseurs, prestataires et sous-traitants. Ces achats peuvent être centralisés et/ou décentralisés. Tous ces facteurs rendent difficiles la traçabilité des achats, et donc le contrôle des impacts des entités qui approvisionnent les entreprises.
En plus d’un contrôle précis, reposant notamment sur la réalisation d’audits tierce partie des fournisseurs, prestataires et sous-traitants, les parties prenantes des entreprises, les ONG et les syndicats demandent, depuis plusieurs décennies, que les donneurs d’ordres divulguent les coordonnées des entités auprès desquelles ils s’approvisionnent. Cela permet, le cas échéant, d’établir une surveillance plus indépendante par des organisations de la société civile qui auraient la possibilité de mener des enquêtes de terrain. Cette démarche est encore relativement rare, soit parce que les donneurs d’ordres ne le souhaitent pas, soit parce que cela est particulièrement ardu (portefeuilles de fournisseurs très atomisés et/ou volatiles, appel à des intermédiaires…).
L’Ethical Trading Initiative (ETI) se présente comme une organisation multi-parties prenantes. Elle rassemble des entreprises, des syndicats (Trades Union Congress, International Trade Union Confederation, International Transport Workers’ Federation, etc.) et des ONG (Oxfam, CAFOD, Anti-Slavery International…). Le 14 octobre 2024, ETI a annoncé que désormais, les entreprises membres seront tenues de publier leurs fournisseurs de rang 1 directement sur la plate-forme collaborative Open Supply Hub. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction susceptible de faciliter la traçabilité des produits. Mais ce type de démarche met beaucoup de temps à se normaliser. Ce délai est d’autant plus regrettable que les situations litigieuses sont à leur tour externalisées chez les fournisseurs de rang supérieur.