L’Asie est l’une des régions où doivent sérieusement s’intensifier les efforts pour combattre le changement climatique. De nombreuses résistances subsistent pour faire reculer le charbon (production et financement) et, de manière plus large, les énergies fossiles. Mais, le 28 juin 2024, la société publique sud-coréenne Korea Midland Power (KOMIPO) a annoncé l’annulation de son projet de construction d’un important terminal de GNL à Boryeong. Elle invoque une baisse de la demande de gaz et une augmentation potentielle de 22 % des coûts de construction. Le projet, qui représentait 3 % de la capacité actuelle du pays, a été vivement critiqué par les associations environnementales sud-coréennes en raison de son décalage avec la politique climatique et énergétique nationale.
De l’autre côté du Pacifique, à Painesville (Ohio, États-Unis), une centrale électrique au charbon, qui a été mise en service en 1908, est sur le point de prendre sa retraite. Elle va être remplacée par une ferme solaire et un système de stockage de batteries sur une friche industrielle (un ancien site chimique en activité entre 1912 et 1977). Ce projet fait partie des 25 initiatives d’énergie propre et de réduction des émissions de GES à travers le pays qui se partagent un financement de 4,3 milliards de dollars annoncé le 22 juillet par l’administration Biden.
Toujours aux États-Unis, en 2023, un juge du Montana avait bloqué une loi qui voulait interdire aux agences étatiques de prendre en compte les impacts climatiques lors de l’approbation de projets intégrant des énergies fossiles. Cette action faisait suite à une plainte déposée par 16 jeunes gens qui estimaient que la loi violait le droit constitutionnel du Montana à un « environnement propre et sain ». Le 10 juillet 2024, la Cour suprême du Montana a confirmé que cette loi favorisant le développement des combustibles fossiles allait à l’encontre des droits constitutionnels de ses habitants. Des actions similaires ont été intentées dans d’autres États et au niveau fédéral, avec le soutien de l’association Our Children’s Trust. Mais soit elles ont été rejetées, soit elles n’ont pas encore abouti à un procès. Il s’agit de la première décision aux États-Unis à clairement attacher les droits constitutionnels à un climat stable.
Mais l’actualité liée aux énergies fossiles n’affiche pas que des bonnes nouvelles. Le 24 juillet 2024, l’International Institute for Sustainable Development (IISD) a rendu publique son analyse des données mondiales recueillies par la société de recherche Rystad. L’exploration pétrolière et gazière est en plein essor. Les ressources découvertes depuis le début de l’année 2024 pourraient libérer 12 milliards de tonnes de CO2 si elles étaient totalement exploitées, soit plus que les découvertes combinées des quatre dernières années. L’« écart de production » entre les trajectoires prévues et les scénarios conformes à l’accord de Paris se creuse à un rythme sans précédent depuis 2015.
Le 30 juillet, des chercheurs ont publié une étude dans laquelle ils montrent que le taux de croissance du méthane dans l’atmosphère s’accélère. Or, le pouvoir de réchauffement du méthane est 80 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 20 ans, et peu de mesures ont été prises jusqu’à présent pour ralentir sa propagation. Les scientifiques pensent que ce phénomène pourrait résulter de l’essor de la fracturation hydraulique, de l’augmentation de l’élevage et, dans une moindre mesure, de l’expansion de la production de riz. La hausse de la température mondiale provoque aussi une décomposition plus rapide des matières organiques dans les zones humides, libérant ainsi plus de méthane.
De son côté, Clarity AI, un cabinet spécialisé dans les données ESG en ligne, a publié une étude le 10 juillet 2024 dans laquelle il précise que plus de 90 % des entreprises pétrogazières figurant dans l’indice MSCI All Country World (ACWI) omettent d’intégrer dans leurs reportings les émissions liées à leurs investissements (scope 3). En utilisant les données satellitaires de l’organisation Climate TRACE, Clarity AI a calculé que les 20 plus grandes sociétés pétrolières et gazières mondiales auraient une empreinte carbone 24 % plus élevée si on tenait compte des rejets liés à leurs investissements.
Le méthane fait aussi l’objet de controverses en Asie du Sud-Est. Ainsi, pour le groupe de réflexion sur l’énergie Ember, les sociétés charbonnières indonésiennes négligent considérablement les émissions de méthane de leurs mines. Ember a publié une étude le 29 juillet où il indique que, sur les 10 plus grandes sociétés charbonnières – responsables de la moitié de la production de charbon du pays –, seulement 4 incluent le méthane dans leur inventaire d’émissions. Au total, les rejets de CH4 de ces 10 entreprises pourraient dépasser 8 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit plus du tiers de leurs émissions potentielles totales. Il en résulte que les mesures de réduction du méthane ne sont pas prises en compte dans les plans de décarbonisation des mines de charbon.