Une organisation dresse un panorama des risques de violation des droits humains en Afrique liés aux nouvelles technologies

En ce qui concerne la responsabilité élargie, les entreprises se doivent de veiller à ce que les acteurs figurant dans leur chaîne de valeur respectent les personnes et leur environnement : milieu naturel, cultures, ressources matérielles, droits sociaux, droits humains… Ce principe s’applique aussi au secteur des valeurs technologiques, qui fait l’objet d’un nombre grandissant de controverses. Les investisseurs et les actionnaires sont concernés par cette question. Le 25 mars 2024, l’organisation Business & Human Rights Resource Center (BHRRC) a publié un papier dans lequel elle fait ressortir les risques en matière de droits de l’Homme auxquels sont confrontées les firmes technologiques dans le cadre de leurs opérations en Afrique.

L’association met en avant 5 types de risques principaux. Le premier fait référence à la protection des données et à l’hypersurveillance des personnes (interception de communications privées, surveillance des médias sociaux, géolocalisations…). En deuxième lieu, l’organisation observe que les violations des droits sociaux sont facilitées par le développement de nouvelles formes de petits boulots (covoiturage, livraison de nourriture, centres d’appels…). Différentes formes de discrimination peuvent aussi se manifester (reconnaissance faciale, minorités linguistiques…). Les coupures d’Internet et la censure sont également des pratiques qui sont de plus en plus courantes pour limiter l’accès à l’information, « encadrer » les oppositions et, plus généralement, le pluralisme d’opinion. Enfin, BHRRC souligne les potentiels impacts de cette industrie sur l’alimentation et l’exacerbation des conflits (activités minières illégales, désinformation, messages de haine…).

BHRRC précise que ces questions relatives aux droits humains peuvent exposer les entreprises et les investisseurs à d’importants risques matériels (juridiques, financiers, de réputation…) et qu’il serait imprudent de penser que la concrétisation de ces risques ne peut se produire qu’en Europe et aux États-Unis. L’organisation liste de nombreux cas en Afrique qui appuient ses propos (Afrique du Sud, Ghana, Kenya, République démocratique du Congo, Sénégal, Somalie, Soudan).