La pollution atmosphérique des sables bitumineux serait 20 à 64 fois plus élevée qu’on ne le pensait

L’accélération de l’exploitation des mines de sables bitumineux observée au début du siècle a clairement mis en évidence leur considérable impact négatif sur le climat et sur l’environnement en général. Cela est notamment dû aux grandes quantités d’énergie et d’eau nécessaires à l’extraction du bitume et à l’utilisation de produits chimiques. Mais une étude publiée le 25 janvier 2024 dans la revue Science révèle que la pollution atmosphérique de cette activité est beaucoup plus importante qu’on ne le pensait jusqu’à présent.

Les chercheurs ont directement mesuré les émissions de carbone organique sous forme gazeuse à bord d’avions volant au-dessus des gisements de sables bitumineux de l’Athabasca (Alberta, Canada). Leurs calculs ont montré que ces émissions étaient 20 à 64 fois plus élevées que celles déclarées par les entreprises. Les scientifiques expliquent cet écart considérable par le fait que la pollution de l’air causée par les composés organiques gazeux issus de l’extraction pétrochimique est généralement estimée à partir d’un sous-ensemble d’espèces chimiques : les composés organiques volatils. Cette approche peut largement sous-estimer l’ampleur du problème. Ainsi, le rapport montre que le carbone organique gazeux qu’ils ont mesuré était en majeure partie dû à des composés organiques volatils intermédiaires et semi-volatils non pris en compte par les modèles de l’industrie.

Certains composés diffusés dans l’air peuvent directement contribuer à une pollution atmosphérique locale dangereuse pour la santé. D’autres peuvent réagir dans l’atmosphère et former des particules fines, un polluant nocif qui peut parcourir de très longues distances (à l’instar des fumées provenant des incendies de forêt qui ont, par exemple, ravagé le Canada, l’Australie ou l’Indonésie ces dernières années) et se loger profondément dans les poumons. L’étude a révélé que l’exploitation des sables bitumineux rejetait autant de ces polluants que l’ensemble des autres sources d’origine humaine au Canada.