Centrales à charbon. Aux Philippines, plusieurs organisations s’associent pour expérimenter des solutions visant à raccourcir la durée d’exploitation des centrales à charbon

ACEN est la branche énergétique du conglomérat philippin Ayala Corp. La compagnie revendique une capacité installée de 4 500 MW, dont 98 % sont d’origine renouvelable. Lors d’une table ronde au cours de la COP28, Eric Francia, son président-directeur général, a déclaré que le monde ne pouvait pas attendre 2040 pour fermer l’ensemble des centrales à charbon dans le monde. Leur fermeture devra, certes, s’effectuer progressivement, mais plus rapidement. Elle devra également être mise en œuvre parallèlement au développement de sources d’énergie propres. Cela est, notamment, essentiel pour la transition énergétique de l’Asie.

Mais le parc de centrales à charbon dans la région est important et leur construction relativement récente. La flotte charbonnière asiatique a une moyenne d’âge de 14 ans. Dans certains pays comme le Bangladesh, elle est même de cinq ans. Cela signifie que des mécanismes de financement supplémentaires sont nécessaires pour assurer la viabilité économique de cette transition. Pour résoudre ce problème, l’Autorité monétaire de Singapour (MAS) et le cabinet McKinsey & Company ont proposé un nouveau concept le 26 septembre 2023 : les « crédits de transition ».

À cet effet, ils ont publié un document de travail qui explique comment ce nouveau type de crédit carbone peut être utilisé comme instrument de financement complémentaire pour accélérer le retrait anticipé du marché des jeunes centrales à charbon. La banque centrale de Singapour a sélectionné deux projets pilotes aux Philippines pour tester la faisabilité de ce concept. L’un d’entre eux porte sur la centrale de la South Luzon Thermal Energy Corporation (SLTEC) qui est entrée en activité en 2014. En novembre 2022, dans le cadre d’un accord au titre du mécanisme de transition énergétique (Energy Transition Mechanism, ETM), sa durée d’exploitation prévue initialement pour 50 ans a déjà été réduite de moitié. Mais grâce aux crédits de transition, sa date de déclassement pourrait être avancée à 2030.

Toutefois, la mise à l’arrêt prématuré de la centrale SLTEC une décennie avant la date prévue implique que l’ACEN, qui participe à l’expérimentation, devra commencer à développer son système intégré d’énergie renouvelable (fermes éoliennes, parcs solaires, stockage par batterie) au plus tard en 2027. Cela nécessitera un financement supplémentaire, car, par rapport au charbon, le nouveau dispositif énergétique augmentera le coût actualisé de l’électricité de 40 % à 50 %. Les crédits de transition émis devront être en mesure d’absorber ce différentiel.

La deuxième centrale à charbon pilote se situe à Mindanao. La MAS s’associera à la Banque asiatique de développement (BAD) qui a été la première institution à lancer le concept d’ETM. Dans ce cadre, la centrale devrait être retirée du marché en 2026, cinq ans avant la fin de son contrat d’achat d’électricité.

Parallèlement, une coalition intersectorielle a vu le jour lors de la COP28 pour identifier, pendant une durée de deux ans, des solutions permettant de développer les crédits de transition à plus grande échelle. Elle s’appuiera sur l’expérience acquise au cours de ces projets pilotes afin de proposer une approche standardisée pour la fermeture des centrales à charbon dans des pays présentant des contextes de marché différents.