Nigeria, climat social. Au Nigeria, l’inflation et la répression des leaders syndicaux font monter la tension

Selon les dernières données publiées par le FMI en avril 2023, le Nigeria s’est hissé au premier rang des nations africaines en matière de PIB (477 milliards de dollars), juste devant l’Égypte. Pour autant, d’après Oxfam International, plus de la moitié de la population de ce pays de plus de 200 millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté extrême. Par ailleurs, le pays traverse une crise économique sévère qui aggrave leur situation. L’inflation annuelle oscille entre 26 % et 29 % selon les sources (le taux le plus élevé depuis 18 ans) et le salaire minimum s’établit à 30 000 nairas (34 euros). De surcroit, les salariés, que ce soit dans le public ou dans le privé, attendent souvent de nombreux mois avant de recevoir leur salaire.

Dans cette atmosphère, Joe Ajearo, le président du Nigeria Labour Congress (NLC) s’est déplacé le 1er novembre dans l’État d’Imo pour rencontrer les travailleurs et planifier des manifestations visant à lutter contre les « vols de salaires ». Mais il a été arrêté au cours de la réunion, placé en garde à vue et passé à tabac. Malgré une ordonnance du Tribunal national du travail (National Industrial Court) leur interdisant de se lancer dans toute forme de grève, le NLC et le Trade Union Congress of Nigeria (TUC) ont décrété une grève nationale illimitée à partir du 14 novembre à minuit.

Au cours d’une réunion avec le conseiller à la sécurité nationale (NSA), le NLC et le TUC ont cependant reçu l’engagement du gouvernement fédéral que les responsables de l’agression contre le président du NLC seraient poursuivis. Ils ont donc décidé de suspendre la grève le 16 novembre. Néanmoins, la situation reste explosive dans le pays depuis les mesures libérales prises par le gouvernement de Bola Tinubu, à la tête de l’État depuis le 29 mai 2023, et suite à la suppression des subventions sur le carburant. Au point que, désormais, de nombreuses personnes se rendent au travail à pied et que beaucoup ne viennent travailler que quelques jours par semaine.