Le 16 juin 2023, trois groupes de résidents de la côte du New Jersey (États-Unis) ont fait appel devant la Cour supérieure de l’État du New Jersey pour contester la conformité du projet d’éoliennes offshore Ocean Wind I aux règles d’aménagement des côtes de l’État. Pour les opposants à ce projet, ce dernier est susceptible de détruire l’habitat marin, de tasser le plancher océanique, d’affecter gravement les communautés marines, de perturber les couloirs de migration des mammifères marins (y compris de la baleine noire de l’Atlantique Nord menacée d’extinction), de dégrader les stocks de pêche commerciale et de nuire à l’économie des plages.
Pour autant, il ne semble pas que ce soit des raisons écologiques ni ces actions juridiques en cours qui ont principalement poussé la société Ørsted, leader mondial de l’éolien en mer, à déclarer le 31 octobre qu’elle abandonnait le projet devant fournir de l’électricité à environ 1 million de personnes.
L’annonce est intervenue à la veille de la présentation des résultats trimestriels au cours de laquelle Ørsted allait annoncer de lourdes pertes. Les facteurs macroéconomiques (inflation élevée, taux d’intérêt en hausse, goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement…) ont radicalement changé en peu de temps et ont affecté le secteur de l’éolien offshore. L’incertitude quant à la façon dont les crédits d’impôt fédéraux pour les énergies propres seront accordés a également influencé la décision. La société éolienne a ainsi déclaré qu’elle pourrait ne pas être admissible à certains crédits en vertu des règles définies par l’Inflation Reduction Act (IRS).
Cette décision intervient malgré tout dans un contexte d’opposition croissante à l’énergie éolienne offshore dans l’État, largement appuyée par les républicains et soutenue par les assertions selon lesquelles les projets nuiraient aux baleines. Un récent sondage de l’université de Stockton a d’ailleurs révélé que seulement la moitié des habitants du New Jersey défendaient le développement de l’énergie éolienne offshore, alors qu’ils étaient 80 % en 2019.
L’entreprise a cependant déclaré qu’elle poursuivrait d’autres programmes comme Revolution Wind, un projet de 704 mégawatts desservant le Connecticut et le Rhode Island, et Sunrise Wind, un projet de 880 mégawatts à New York. South Fork Wind, une infrastructure de 130 mégawatts desservant New York, est également en construction et devrait être achevée cette année ou début 2024. Le groupe a aussi précisé qu’il envisageait de conserver le bail fédéral prévu pour Ocean Wind et « d’examiner les meilleures options dans le cadre de l’examen en cours de son portefeuille ».