Selon de nombreuses organisations, il y a urgence à sortir des énergies fossiles pour conserver une chance de ne pas provoquer une augmentation de la température mondiale supérieure à 1,5 °C. Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il faudrait même que la demande de combustibles fossiles diminue de 25 % d’ici 2030 et de 80 % d’ici 2050. Mais celle-ci maintient son rythme, et globalement, les mesures et les actions pour la freiner sont trop timides.
C’est dans ce contexte que le 17 avril 2023, le ministère sud-africain des Ressources minérales et de l’Énergie a donné son feu vert à TotalEnergies pour forer au large de la côte sud-ouest de l’Afrique du Sud (TotalEnergies est opérateur avec 40 % des intérêts). Cette autorisation offre la possibilité de forer jusqu’à cinq puits dans le bloc 5/6/7 situé entre Le Cap et le cap des Aiguilles, entre 60 et 170 kilomètres de la côte, et à des profondeurs comprises entre 700 et 3 200 mètres.
Le département des Forêts, de la Pêche et de l’Environnement (DFFE) a reçu 18 recours de la part d’organisations et de personnes contre cette autorisation. Les plaignants estiment que les opérations d’exploration auront des répercussions négatives sur la faune et la flore marine (bruit, luminosité…) ainsi que sur le climat, et que les communautés locales n’ont pas été suffisamment consultées. Mais, le 3 octobre 2023, le cabinet SLR Consulting – conseiller de TotalEnergies dans cette affaire – a déclaré que le DFFE avait, en date du 24 septembre, rejeté leurs demandes. Le département a cependant inclus une nouvelle condition aux obligations du groupe français, à savoir qu’un agent de liaison soit recruté afin de répondre à toutes les questions et préoccupations que les pêcheurs artisanaux et leurs communautés pourraient avoir sur ce projet, et pour les tenir informés tout au long du processus. Les organisations ont bien l’intention de poursuivre leur action pour contrecarrer les plans de TotalEnergies.
Cette affaire rejoint un cas similaire qui a, en 2021-2022, opposé des organisations écologistes et des communautés de pêcheurs à Shell. Les organisations avaient fait valoir que les tests sismiques diffusaient dans l’océan des ondes extrêmement fortes perturbant les espèces marines présentes dans les zones d’exploration du Transkei et d’Algoa (Wild Coast). Le 1er septembre 2022, la Haute Cour de Makhanda a interdit à Shell l’exploration pétrolière et gazière le long de la Wild Coast. Le président du tribunal a estimé que l’autorisation avait été accordée sans consultation appropriée des communautés côtières.