Le 11 mai 2023, Emmanuel Macron a exhorté à une pause réglementaire européenne en matière de normes environnementales. Il estime que l’Union européenne a fait plus que tous ses voisins et qu’elle a désormais besoin de stabilité sous peine d’effrayer « tous les acteurs ». Il est vrai que les réglementations semblent s’accélérer. Mais il est utile de rappeler que le retard accumulé, y compris dans le domaine de la justice sociale, est considérable. Deux nouvelles études viennent d’insister sur l’urgence environnementale. À l’échelle mondiale, la quantité d’eau a diminué dans plus de la moitié des lacs et réservoirs. En Europe, le nombre d’oiseaux a baissé de 25 % en près de 40 ans. En cas de retard, il est d’usage non pas de freiner, mais d’accélérer le rythme. Par ailleurs, nous savons que les délais de mise en œuvre des réglementations communautaires, et plus largement des règles internationales, sont très longs. Enfin, non seulement ces législations comportent souvent des imperfections, mais elles sont aussi fréquemment inappliquées ou détournées. Interdits en Europe, les néonicotinoïdes sont exportés, comme le montre une étude récente de l’association Public Eye. Au Ghana, malgré les promesses des multinationales et les dispositifs européens, 90 % des exploitants de cacao n’ont pas accès à un revenu minimum vital, d’après une nouvelle analyse d’Oxfam. Alors, non, il ne faut pas freiner, mais encore accélérer.