Dans certaines régions, les réactions face à l’exploitation commerciale des eaux de source sont pour le moins hostiles. Elles illustrent bien les polémiques qui peuvent surgir lorsque des intérêts commerciaux sont confrontés à l’exploitation d’un bien commun aussi précieux que l’eau. En France, la sécheresse qui sévit déjà exacerbe encore un peu plus les conflits d’usage. À Vittel (dans les Vosges), deux forages qui fournissent 60 % des volumes consacrés aux bouteilles Hépar (groupe Nestlé) ont volontairement été suspendus par l’entreprise le 5 mai 2023 à minuit. Mais la société est accusée de longue date par des associations de surexploiter la ressource locale. Dans le Puy-de-Dôme, une autre grande marque d’eau en bouteille est concernée : Volvic (groupe Danone). La préfecture du département a décrété des mesures de restriction dans l’usage de l’eau. Mais ces dispositions ne concernent pas les eaux minérales. Face aux protestations des riverains, l’entreprise a décidé d’abaisser de 5 % ses prélèvements pendant toute la durée de validité de l’arrêté préfectoral. En réalité, la Société des eaux de Volvic (SEV) se contente d’appliquer ses propres engagements inscrits dans son plan d’utilisation rationnelle de l’eau (PURE), cosigné en septembre 2021 avec la préfecture. Les démêlés entre Danone et les riverains sur l’usage de l’eau ne se limitent pas à Volvic. En mars 2021, les habitants de Juan C. Bonilla (État de Puebla, Mexique) avaient ainsi occupé l’usine d’embouteillage de Bonafont pour exiger qu’elle cesse de puiser l’eau.