Ferdinand « Bongbong » Marcos a remporté les élections présidentielles philippines du 9 mai 2022. Fils du dictateur déchu et décédé en 1989 Ferdinand Marcos, Bongbong rétablit ainsi sa famille à la tête de l’État. Il a publiquement exprimé son intention de lancer le gigantesque projet de ponts de 43 kilomètres qui relie les îles de Panay, Guimaras et Negros (Panay-Guimaras-Negros – PGN) dès qu’il aura pris ses fonctions fin juin. Ces infrastructures devraient considérablement réduire les trajets, et donc favoriser le développement économique des régions concernées.
Mais il met également en danger la faune aquatique et, notamment, les populations de dauphins de l’Irrawaddy qui vivent dans les eaux de l’archipel. Caractérisé par sa tête nettement arrondie et sa petite nageoire dorsale triangulaire, ce dauphin est une espèce de cétacé en voie de disparition. Les estimations les plus récentes du Centre de recherche et d’engagement de l’université de St. La Salle indiquent qu’il ne resterait que quelques individus matures dans les détroits d’Iloilo et de Guimaras. La population serait au bord de l’extinction. Les ouvrages d’art sont prévus dans les zones où les cétacés se nourrissent, se reposent et se reproduisent, et scinderont leur principal habitat en deux. Cela s’ajoutera aux menaces qui pèsent déjà sur les trois sous-groupes que l’on trouve aux Philippines : épuisement des proies, réduction de l’habitat, collisions avec des bateaux, enchevêtrements dans les filets de pêche…
Les défenseurs de l’environnement craignent aussi que la pollution sonore générée par les travaux de construction nuise aux dauphins qui sont extrêmement sensibles aux traumatismes acoustiques. Les ponts partageraient également en deux les habitats du dugong, une espèce en danger critique d’extinction aux Philippines.
De plus, le projet comprend la création de nouvelles routes. Sur l’île de Negros, une nouvelle voie détruirait une partie des zones humides côtières du Negros occidental (NOCWCA). Ces sites sont reconnus pour leur riche biodiversité et sont un lieu d’alimentation pour les oiseaux migrateurs. Quelque 73 espèces d’oiseaux aquatiques y vivent, soit 41 % de l’ensemble des espèces recensées sur l’île ; on y trouve cinq espèces menacées et deux autres quasi menacées. La zone côtière abrite également des tortues vertes et des tortues olivâtres en voie de disparition ainsi que la tortue imbriquée en danger critique d’extinction.
Les organisations environnementales comprennent l’intérêt économique des ouvrages, mais réclament que, si le projet devait se poursuivre, des sites alternatifs soient sélectionnés pour les accès aux ponts ou, à tout le moins, qu’aucune pile ne soit construite au sein de l’habitat des dauphins. Elles estiment que les scientifiques régionaux devraient être consultés pour identifier les endroits les moins sensibles et que des observateurs de mammifères marins devraient être présents pendant le dragage et la phase de construction, pour s’assurer que les activités soient suspendues lorsque les dauphins sont à proximité.