L’organisation nord-américaine Stand.earth a publié fin novembre 2021 un rapport dans lequel elle analyse les risques de participer à la déforestation de l’Amazonie auxquels le secteur de la mode est exposé. Il l’est notamment en raison de ses liens avec des tanneries et d’autres sociétés impliquées dans la production de cuir et d’articles en cuir. Pour réaliser son étude, l’organisation a passé au crible près de cinq cent mille données douanières et quatre-vingt-quatre entreprises. Les travaux des chercheurs n’établissent pas de lien direct entre les marques et la déforestation amazonienne, mais mettent en évidence des connexions qui augmentent la probabilité que les articles proviennent de l’élevage de bétail en Amazonie, principal responsable de la déforestation dans la région.
À travers leur chaîne d’approvisionnement, plus de cinquante marques ont ainsi de nombreux liens avec JBS, le plus important exportateur de cuir brésilien. Cette société est connue pour sa forte implication dans la déforestation amazonienne. Au début de l’année, JBS s’est engagé à avoir un approvisionnement sans déforestation à l’horizon 2035. Néanmoins, les organisations écologistes mettent en doute cette promesse, qu’elles ont qualifiée d’insuffisante et de « surréaliste ».
Un tiers des entreprises interrogées affirment avoir mis en place une politique pour éliminer les effets de leurs approvisionnements sur la déforestation. Pour autant, Greg Higgs, l’un des chercheurs ayant participé à l’étude, précise que « le taux de déforestation augmente, donc les politiques n’ont aucun effet tangible ». Le compte rendu donne ainsi l’exemple du Leather Working Group (LWG), qui réunit plus de mille trois cents organisations impliquées dans la chaîne d’approvisionnement du cuir. L’une de ses activités est de délivrer la principale certification environnementale aux entreprises concernées par la fabrication du cuir. Mais le rapport souligne que LWG évalue les tanneries sur leur capacité à retracer le cuir jusqu’aux abattoirs, et non pas jusqu’aux fermes. Il écarte donc une partie substantielle de la chaîne d’approvisionnement.