Il est désormais largement reconnu qu’il faut rapidement mettre un terme à l’utilisation du charbon pour répondre aux objectifs climatiques mondiaux : limiter le réchauffement bien en dessous de 2 °C, idéalement à 1,5 °C. Selon un rapport du groupe de réflexion E3G, publié le 13 septembre 2021, à l’échelle mondiale, la capacité de production électrique issue du charbon actuellement en projet est inférieure de 76 % à ce qu’elle était lors de l’accord de Paris en 2015. Par ailleurs, depuis cette date, quarante-quatre pays ont décidé de ne plus lancer de nouveaux projets. Mais six autres (Chine, Inde, Viêt Nam, Indonésie, Turquie et Bangladesh) représentent plus de 80 % des projets de nouvelles centrales à charbon prévus dans le monde. Aussi, obtenir de leur part qu’ils s’engagent pour annuler ces programmes permettrait de reléguer l’énergie issue du charbon dans les livres d’Histoire, comme le souhaite Alok Sharma, le responsable britannique qui présidera le sommet sur le climat qui se déroulera en novembre en Écosse (COP26).
À elle seule, la Chine représente environ 53 % des centrales à charbon en construction sur la planète. Et ce, malgré une réduction de 74 % de son portefeuille de projets depuis l’accord de Paris. Mais le géant asiatique est également un bailleur de fonds majeur des nouveaux programmes à l’international, en dépit de la baisse des prix de l’énergie solaire et éolienne qui rend l’énergie verte plus compétitive que le charbon dans la plupart des régions du monde. Deux autres importants bailleurs de fonds – la Corée du Sud et le Japon – ont annoncé cette année qu’ils mettraient fin au financement du charbon à l’étranger. Selon Sejong Youn, de l’association coréenne Solutions for our Climate, il y a de fortes chances pour que la Chine mette discrètement un terme au financement du charbon à l’étranger. De récentes déclarations et décisions de la part des décideurs politiques et économiques chinois semblent d’ailleurs l’attester (IE n° 350). Mais Sejong Youn s’attend à ce que le pays n’annonce pas officiellement une telle décision pour éviter d’être perçu comme cédant aux pressions internationales.
D’autres États asiatiques, comme l’Indonésie, se sont engagés à arrêter prochainement la construction de nouvelles centrales à charbon. Toutefois, les projets déjà planifiés ou en cours de construction seront maintenus dans la plupart des cas. Ces nouvelles centrales fonctionneront pendant des décennies pour couvrir leurs coûts de construction. Ne pas réétudier ces plans pourrait condamner les objectifs climatiques. Mais, pour Arti Indallah Tjakranegara, directrice de l’engagement pour une action climatique juste à la fondation indonésienne Hivos, la décision d’abandonner le charbon doit également prendre en compte l’impact que cela aura sur les communautés, l’emploi et les inégalités.