La pression s’accentue sur les entreprises soupçonnées de bénéficier de la répression des Ouïgours par l’État chinois

Le 5 septembre 2021, l’ONG berlinoise European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) a indiqué avoir déposé plainte auprès de la cour fédérale de Karlsruhe contre plusieurs sociétés, parmi lesquelles Aldi, C&A, Hugo Boss et Lidl, pour complicité de crimes contre l’humanité. Elle reproche aux entreprises d’avoir encouragé et profité directement ou indirectement du travail forcé dans l’industrie cotonnière de la région chinoise du Xinjiang. Depuis la parution d’un article du New York Times en novembre 2019, les pays occidentaux accusent la Chine de maltraiter la population musulmane ouïgoure du Xinjiang et de la soumettre au travail forcé.

Les sociétés rejettent ces allégations et soulignent qu’elles ne tolèrent pas le travail forcé. La chaîne Aldi, par exemple, a fait savoir qu’elle ne s’approvisionnait plus auprès d’entreprises de la région depuis longtemps. Le groupe C&A dit quant à lui qu’il n’achète pas de vêtements chez des fabricants installés dans la province du Xinjiang. Dans son rapport de développement durable daté d’octobre 2020, on peut cependant lire qu’il a « interdit la production dans la région et a exhorté [ses] fournisseurs à cesser d’acheter du coton et d’autres fibres au Xinjiang ». Lidl a acheté des marchandises auprès d’un fournisseur local au moins jusqu’en juin 2021, soit cinq mois après que le gouvernement américain a prohibé l’importation de coton du Xinjiang en raison du risque de travail forcé. Le 9 avril dernier, plusieurs associations françaises (Sherpa, le collectif Éthique sur l’étiquette et l’Institut ouïgour d’Europe) et une Ouïgoure ayant été internée dans la province du Xinjiang avaient déjà annoncé qu’elles avaient porté plainte pour recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité. La plainte visait Uniqlo France, Inditex (Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, De Fursac…) et le chausseur de sport Skechers. Une enquête a été ouverte fin juin par le pôle Crimes contre l’humanité du Parquet national antiterroriste.