Le 24 mai 2020, le groupe minier anglo-australien Rio Tinto détruisait la grotte Juukan en Australie, un site ancestral sacré datant de 46 000 ans. Cet événement avait conduit son directeur général, Jean-Sébastien Jacques, de même que plusieurs hauts dirigeants du groupe, à démissionner et son président à ne pas briguer un nouveau mandat. Le 25 juin 2021, un groupe aborigène a fait de nouvelles révélations dans le cadre d’une enquête gouvernementale. Les autochtones accusent Hamersley Iron, une filiale de Rio Tinto, d’avoir autorisé que des centaines d’artéfacts culturels aborigènes vieux de 18 000 ans récupérés dans sa mine de minerai de fer de Marandoo (dans le parc national de Karijini) soient mis en décharge dans les années 1990. Ils lui reprochent également de ne pas en avoir avoué la destruction aux propriétaires traditionnels aborigènes.
Hamersley Iron a obtenu l’autorisation d’exploiter la mine en 1992. Les propriétaires traditionnels avaient alors organisé une enquête de six jours au cours de laquelle des ossements, de l’art rupestre, des arbres cicatrisés, des carrières de pierre et des lieux « d’importance culturelle exceptionnelle » avaient été identifiés. Ils avaient finalement demandé que l’exploitation de la mine ne soit pas poursuivie tant que des fouilles plus approfondies n’avaient pas été réalisées. La requête n’avait pas été acceptée. Sur les sites identifiés, Rio Tinto avait confié les travaux de prélèvement des artéfacts à une société d’ingénierie privée qui en avait expédié la majeure partie à l’université Charles Darwin (anciennement université du Territoire du Nord). C’est en 1995 qu’une partie de ces matériaux ont accidentellement été mis en décharge par l’université. Une grande quantité de ceux restants a été éliminée deux ans après, avec l’approbation de Rio Tinto. Aucune donnée, aucune photographie ou aucun document ne subsiste de ces matériaux détruits. Ce n’est que bien plus tard que les « anciens » ont découvert par hasard les faits.