En mars et avril de cette année, des marques de vêtements avaient pris l’engagement d’aider leurs fournisseurs pour faire face à la crise sanitaire et économique (IE n° 321). Malheureusement, les mesures sont loin de répondre aux besoins. Une enquête, publiée en octobre par le Center for Global Workers’ Rights, avait mis en évidence la pression exercée par les marques pour baisser les prix et allonger les délais de paiement (IE n° 331). Plus récemment, l’organisation américaine indépendante Worker Rights Consortium (WRC) a publié un rapport sur les conséquences de la crise sanitaire sur l’emploi et le pouvoir d’achat des ouvriers de l’industrie textile mondiale. Cette étude résulte d’une enquête menée, entre août et septembre 2020, auprès de 396 ouvrières et ouvriers de 158 usines situées dans neuf pays (Bangladesh, Cambodge, Éthiopie, Haïti, Inde, Indonésie, Lesotho, Myanmar, Salvador).
Le rapport indique que 38 % des travailleurs ont fait l’objet d’une suspension temporaire (11 %) ou définitive (27 %) de leur contrat de travail. Ceux qui ont pu conserver leur emploi ont vu leur salaire diminuer de 21 % entre mars et août 2020 pour atteindre 147 dollars par mois en moyenne. Environ 30 % des personnes qui ont fait l’objet d’une suspension de leur contrat n’ont pas été payées durant cette période. Les trois quarts des personnes interrogées ont été obligées de s’endetter pour pouvoir nourrir leur famille. Près de 90 % des travailleurs ont déclaré qu’eux-mêmes et leur famille mangeaient moins et qu’ils s’attendaient à devoir encore réduire leur alimentation à l’avenir. Pour les auteurs du rapport, l’action la plus importante que pourraient faire les marques serait de mobiliser des fonds pour soutenir les niveaux de revenu des ouvriers du vêtement pendant la crise. Parmi les enseignes les plus souvent citées comme clientes des usines, le document a identifié Adidas, Gap, H&M, Nike, The Children’s Place, PVH (Calvin Klein…), Gildan et Walmart.