Le 24 novembre, la police brésilienne a placé en détention provisoire Adriana Alves Dutra dans le cadre du drame qui a conduit à la mort João Alberto Silveira Freitas, un homme noir de 40 ans passé à tabac, le 19 novembre dernier, par deux agents de sécurité d’un magasin Carrefour à Porto Alegre (Brésil) employés par la société de sécurité privée Vector (IE n° 333). Cette femme de 51 ans était la supérieure immédiate des deux vigiles déjà interpellés et a été filmée alors qu’elle se tenait auprès d’eux pendant qu’ils battaient l’homme. Elle est aussi accusée d’avoir menti quant au statut de Magno Braz Borges, l’un des deux agents, en affirmant que c’était un client de l’hypermarché alors qu’en réalité, il s’agissait d’un policier faisant des extras en dehors de ses heures de service.
Parmi les réponses qu’elle a données dans cette affaire, la société Carrefour a déclaré qu’elle apporterait le résultat de ses ventes des 26 et 27 novembre (en complément de celui du 20 novembre) au Fonds de lutte contre le racisme et de promotion de la diversité qu’elle a créé et qui compte déjà 25 millions de reais (4 millions d’euros). Mais, le 25 novembre, le bureau du défenseur public du Rio Grande do Sul a déposé un recours collectif à l’encontre de Carrefour et de Vector réclamant 200 millions de reais (32 millions d’euros) en réparation des dommages moraux et collectifs consécutifs au meurtre de João Alberto Freitas. Cette somme devrait être allouée aux fonds de lutte contre la discrimination et à la protection des consommateurs. La famille de la victime va également déposer une plainte individuelle. Le bureau a également demandé à Carrefour de créer à Porto Alegre, dans un délai de 10 jours, un plan de lutte contre le racisme et les traitements discriminatoires à destination des salariés et de mettre en place des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux et les médias. Le ministère public du Rio Grande do Sul a également ouvert deux enquêtes civiles, toutes deux dirigées par le parquet pour la défense des droits humains de Porto Alegre. La première enquête vise à demander réparation du préjudice moral collectif résultant des faits qui ont abouti au meurtre de João Alberto Freitas. La deuxième va examiner la politique des droits humains au sein du groupe Carrefour.