Le 20 mai dernier, la chambre basse brésilienne (Câmara dos deputados) devait se saisir du projet de loi PL n.2633/2020 relatif à la régularisation foncière. Le projet, bien qu’amendé par rapport à sa version originelle, doit, dans certaines circonstances, permettre aux personnes installées sur des terres publiques d’obtenir des actes de propriété. Ses partisans prétendent que l’attribution légale d’un titre est une étape essentielle pour obliger les propriétaires à se conformer aux lois environnementales afin de limiter la déforestation en Amazonie. A l’inverse, les opposants affirment que le projet de loi récompensera les spéculateurs fonciers à l’origine, dans le passé, de la déforestation illégale massive (pour la culture du soja, l’élevage du bétail…) et ouvrira la porte au défrichage et à l’installation sur les forêts domaniales. Ce projet a fait l’objet d’intenses protestations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ce qui a eu pour effet de différer les délibérations.
Parmi les opposants, on relève, bien sûr, des organisations écologistes, des personnalités politiques, des scientifiques, etc., mais aussi des acteurs du monde économique. Le 19 mai, des enseignes de la grande distribution britannique et quelques investisseurs, comme le fonds de pension suédois AP7 et l’assureur norvégien Storebrand, ont ainsi publié une lettre ouverte dans laquelle ils expriment leur profonde préoccupation à propos de ce projet de loi. Ils estiment que cette loi encouragera « l’accaparement des terres et une déforestation généralisée qui mettront en danger la survie de l’Amazonie, les objectifs de l’accord de Paris […] et les droits des communautés autochtones et traditionnelles ». Ils ajoutent qu’elle pourrait également « menacer la capacité d’organisations telles que [les leurs] de continuer, à l’avenir, à s’approvisionner au Brésil ».