Le sultan de Brunei a déclaré un moratoire de son nouveau Code pénal qui prévoyait la lapidation des homosexuels et des personnes adultères. Cette décision fait suite au boycott de ses hôtels – lancé par l’acteur George Clooney – auquel certaines entreprises se sont associées. Sans être fréquentes, les prises de position des entreprises sur les questions de société tendent à se multiplier (IE 292). Mais elles restent rares lorsqu’il s’agit d’exprimer, implicitement ou explicitement, un désaccord sur la politique d’un Etat. En dehors des sanctions décrétées par les Nations unies ou par des acteurs économiques majeurs comme les Etats-Unis, il existe des exemples. Mais, le plus souvent, ils concernent des cas emblématiques qui se sont développés sur une longue période (Soudan, Afrique du Sud, Birmanie). Ce qui caractérise le cas présent, c’est la rapidité de la réaction et de la réponse. Quoi qu’il en soit, cela soulève une question : est-il possible, pour une entreprise, d’exprimer publiquement des valeurs tout en participant au renforcement de systèmes ou d’Etats qui les contredisent ? La question est toujours plus en moins en débat, mais l’ambiguïté des réponses qui l’entourent participe à coup sûr au scepticisme de l’opinion.