Protéiforme, insaisissable, choquant à certains égards, le mouvement des « gilets jaunes » n’en reflète pas moins une tendance qui se confirme, et même qui s’amplifie. Quel que soit l’avis que l’on peut avoir sur les motivations qui l’animent, il illustre la profonde transformation qui secoue la société. Les sociétés, devrait-on dire. Une mutation qui intègre le vif désir d’une autre répartition des richesses créées. L’affaire Carlos Ghosn ne fait que renforcer ce sentiment. En cela, les entreprises ont un rôle à jouer. Elles devraient aller beaucoup plus loin et ne pas se contenter de démontrer leur contribution en présentant une répartition sommaire du chiffre d’affaires réalisé par grandes catégories de parties prenantes. Mais ce mouvement traduit aussi une autre inquiétude : penser aux générations futures d’accord, mais pas au détriment des générations présentes. La bonne articulation entre présent et futur n’est, semble-t-il, pas encore trouvée. Le chantier est de taille. C’est donc maintenant qu’il faut s’y atteler.