Préserver les ressources en eau d’un bassin ou d’une nappe, c’est notamment s’assurer du maintien (voire de l’amélioration) de la qualité de la ressource, c’est vérifier que les prélèvements n’excèdent pas la capacité de reconstitution et, le cas échéant, éviter les conflits d’usage. Dans un communiqué daté du 20 mars, l’association France Nature Environnement (FNE) dénonce la surexploitation de la nappe des Grès du Trias inférieur (GTI) de Vittel par les industriels présents localement, dont la fromagerie L’Ermitage et la société Nestlé Waters. La nappe présente en effet, depuis au moins une trentaine d’années, un déficit chronique annuel de 1 million de m3 environ, soit le prélèvement annuel de Nestlé validé chaque année par arrêté préfectoral et qui représente 28 % des prélèvements totaux. Pour répondre à ce déficit, un projet consistant à acheminer de l’eau potable grâce à un pipeline, dont le coût est estimé à 20 millions d’euros sur vingt ans, a été présenté à la commission locale de l’eau (CLE). Mais selon l’association, cette solution, dont le coût sera répercuté sur la facture d’eau des habitants, et cette situation sont préjudiciables aux populations locales, dont les besoins devraient, selon l’article L. 211-1 du code de l’environnement, être satisfaits en priorité. FNE et les associations locales accusent également les autorités locales de favoritisme (Nestlé est, de très loin, le plus gros contributeur fiscal local) et de conflit d’intérêts (Claudie Pruvost, ancienne présidente de la CLE et actuelle conseillère déléguée à la mairie de Vittel, est l’épouse de Bernard Pruvost, ancien directeur R&D chez Nestlé et président de la Vigie de l’eau, une association soutenue par la multinationale et chargée du schéma d’aménagement et de gestion des eaux de 2010 à 2016). Le groupe Nestlé, qui conteste ces accusations, précise qu’à partir de 2018, il réduira ses prélèvements d’un quart pour les ramener au-dessous de 750 000 m3 par an. Cette concession pourrait toutefois s’avérer insuffisante aux yeux des associations au vu des inquiétudes suscitées par la situation.