Le Gabon est un pays francophone d’Afrique centrale, peuplé d’un peu moins de 2 millions d’habitants et doté d’importantes ressources minières, forestières et pétrolières. Il est dirigé depuis 2009 par Ali Bongo, l’un des fils d’Omar Bongo (lui-même président du pays durant quarante-deux ans). Dans un contexte d’économie de rente, ce régime présidentiel dynastique (partiellement seulement, puisque les membres de la fratrie ne semblent pas unis), qualifié d’autocratique, dépend bien sûr du contrôle de la « rente ». C’est dans ce cadre, et sur un fond de contestation des résultats de la dernière élection présidentielle (août 2016), d’élections législatives prochaines (avril 2018) et d’insatisfaction de la population (les électeurs) face à la situation économique morose, que le gouvernement gabonais a subitement mis un terme au contrat de concession détenu depuis 1997 par la SEEG (Société d’énergie et d’eau du Gabon), la filiale de Veolia dans le pays. Bien que la convention ait été reconduite pour cinq ans en mars 2017, les autorités reprochent au groupe français de ne pas en avoir respecté les termes, et notamment de ne pas avoir préservé la continuité et la qualité du service public. De son côté, Veolia estime que les investissements nécessaires ont été réalisés et que l’Etat gabonais a, vis-à-vis de la SEEG, un important arriéré de paiement. Si le comportement de la SEEG est loin d’être irréprochable (IE n° 237), il n’en demeure pas moins que bien souvent, détenir le monopole d’une activité aussi stratégique que la distribution de l’eau et de l’électricité dans un pays autocratique n’offre au concessionnaire que deux options : avoir une conduite irréprochable et unanimement reconnue comme telle ou concéder des avantages substantiels à ceux qui détiennent le pouvoir politique.