Entre 1998 et 2015, la rémunération moyenne des présidents-directeurs généraux des sociétés appartenant à l’indice FTSE 100 est passée de 1 million de livres (1,16 million d’euros) à 4,3 millions, une progression qui déclenche régulièrement des contestations lors des assemblées outre-Manche. Le gouvernement britannique a introduit, en 2013, une réforme visant à renforcer le contrôle des actionnaires en rendant obligatoire et contraignant un vote des actionnaires sur la politique de rémunération des sociétés cotées au moins une fois tous les trois ans et en soumettant à un vote consultatif de ces mêmes actionnaires un rapport annuel sur la rémunération des dirigeants concernant l’exercice écoulé. En novembre dernier, le gouvernement de Theresa May a soumis à consultation un Livre vert (green paper) pour tenter d’améliorer encore la gouvernance des entreprises britanniques. La consultation doit prendre fin le 17 février. C’est dans ce contexte que BlackRock, la plus grande société de gestion mondiale, a adressé aux PDG de plus de 300 sociétés britanniques une lettre pour leur signifier son intention de ne pas approuver les augmentations de rémunération des dirigeants excédant celles des autres salariés de l’entreprise. Dans les cas où des écarts substantiels seraient observés, BlackRock entend que les sociétés proposent un argumentaire solide qui, en tout état de cause, ne soit pas justifié par un simple alignement sur les pratiques observées dans des entreprises similaires. Cet argument très largement utilisé génère en effet une inflation quasi-mécanique des rémunérations des dirigeants.