Le 8 novembre 2013, ce qui a sans doute été le plus puissant typhon jamais enregistré s’abattait sur le Sud-Est asiatique, en particulier sur les Philippines. Plus de 6 000 décès furent enregistrés et plus de 4 millions de personnes déplacées. Trois jours plus tard, la 19e conférence sur le climat s’ouvrait à Varsovie. Lors de la cérémonie d’ouverture, le commissaire au Climat philippin, Naderev Saño, fit devant l’assemblée une déclaration poignante dans laquelle il soulignait l’urgence qu’il y avait à adopter des mesures pour combattre le changement climatique et ses effets catastrophiques. Son témoignage n’a pas empêché la conférence d’être un échec. Pas plus qu’il n’a inversé la politique de son pays, dont le bouquet énergétique dépend à 32 % du charbon. Cette tendance sera difficile à modifier, le président Rodrigo Duterte, en fonction depuis juin, ayant déclaré le 19 juillet qu’il ne ratifierait pas l’accord de Paris sur le climat, qu’il considère comme imposé aux pays en développement et limitant leur croissance économique. Toutefois, le 27 juillet dernier, la Commission philippine sur les droits humains, une institution indépendante établie par la Constitution de 1987, a adressé à quarante-sept entreprises multinationales un recours introduit auprès d’elle par quatorze organisations écologistes ou de défense des droits humains. Ces associations accusent ces entreprises de violer les droits fondamentaux des personnes (vivre, se nourrir, avoir accès à l’eau et à des installations sanitaires, à un logement décent, à l’autodétermination) en poursuivant des activités à l’origine d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre. Elles estiment aussi que ces entreprises sont responsables des conséquences de leurs émissions de gaz à effet de serre et qu’elles doivent instaurer des plans pour éliminer, remédier et prévenir les effets dévastateurs du réchauffement climatique. Selon les calculs du Climate Accountability Institute, ces quarante-sept entreprises, parmi lesquelles Total, Lafarge et Holcim, seraient à l’origine de près de 22 % des rejets de gaz à effet de serre émis depuis le début de la révolution industrielle. Bien que la Commission n’ait pas le pouvoir juridique de forcer les entreprises à réduire leurs émissions, elle peut soumettre des recommandations au gouvernement et participer à la pression internationale visant à réduire les rejets de GES des grandes entreprises. Les premières audiences officielles devraient débuter en octobre.