La forêt de Białowieża est l’une des dernières forêts primaires d’Europe, la plus vaste et la mieux préservée de l’action de l’homme. Refuge pour des milliers d’espèces animales, dont le bison d’Europe, elle est particulièrement intéressante pour les scientifiques, qui y trouvent des renseignements uniques sur le fonctionnement d’une forêt naturelle. Seule une partie de la forêt est protégée, dont 16 % classés Natura 2000. En 2012, le gouvernement polonais a présenté un plan d’abattage qui prévoyait de couper 60 000 m3 de bois en dix ans dans la zone non protégée. Mais sous prétexte de lutter contre une invasion de scolytes, des coléoptères ravageurs pour les épicéas (30 % des arbres de cette forêt), cet objectif a été multiplié par trois fin mars. Sept ONG, dont Greenpeace et le WWF, ont donc porté plainte devant la Commission européenne. Selon elles, ce raisonnement va à l’encontre des arguments scientifiques selon lesquels l’épidémie permettrait au contraire de renouveler la forêt. Elles soulignent également qu’il n’existe aucune preuve que des forestiers aient déjà réussi à enrayer ce type d’agression. Les associations accusent le gouvernement d’utiliser ce prétexte pour entamer en réalité une exploitation économique de la Białowieża, les larges coupes prévues visant également les arbres parfois pluriséculaires d’excellente qualité qui constituent la forêt. Ce refuge de biodiversité unique inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, dont une équipe est attendue sur le site d’ici à la fin du mois de juin, est donc menacé pour la première fois depuis 10 000 ans.