Le refus par une partie du conseil d’administration de Renault de voter en faveur de la rémunération du patron du groupe pourrait laisser des traces. Diffuses, mais profondes. Tout d’abord, et c’est peut-être le plus important, en donnant l’impression aux actionnaires que leur avis ne compte pas. Certes, le projet de résolution proposé à leur suffrage n’était que consultatif. Mais pouvait-on raisonnablement concevoir que la majorité des propriétaires de Renault allait accepter de bonne grâce que l’instance censée les représenter, à savoir le conseil d’administration, ferait fi de cette consultation ? Comme si elle n’avait jamais eu lieu. On peut en outre légitimement se poser la question de l’intérêt de cette consultation si elle n’est pas suivie d’effet. Cette éventualité n’avait sans doute pas échappé aux services juridiques des grands groupes français lorsqu’il y a six ans, le Forum pour l’investissement responsable avait interrogé une vingtaine d’entreprises sur le thème de la rémunération des dirigeants. Alors faut-il légiférer ? Faut-il appliquer une taxe à la part de la rémunération dépassant un certain montant ? Faut-il rendre les résultats du vote exécutoires ? Une chose est presque sûre : si le vote des actionnaires devenait exécutoire, ces derniers seraient davantage conscients de leurs responsabilités et pourraient modifier leur comportement. Par ailleurs, l’impact financier sur le résultat du groupe deviendrait encore plus significatif, ce qui pourrait également influer sur leur décision.