Le rejet de la rémunération de Carlos Ghosn (qui perçoit également une rémunération importante en tant que président-directeur général de Nissan) par les actionnaires a été l’événement marquant de l’assemblée générale de Renault qui s’est tenue le 29 avril, voire de cette première partie de la saison des assemblées des entreprises françaises. Bien que ce vote n’ait qu’une valeur consultative (Say on pay), il montre une « mauvaise humeur » grandissante de la part d’un certain nombre de grands actionnaires, dont l’Etat français mais pas uniquement, qui ont l’impression de perdre au fil des années une partie de leurs droits. Du reste, pas moins de 46 questions écrites ont été adressées au président du conseil d’administration en amont de l’assemblée. Ces questions, auxquelles le président de séance a simplement fait référence, portaient justement sur l’équilibre des pouvoirs entre Renault, Nissan et l’Etat français, la transparence des informations transmises aux actionnaires, l’indépendance et les prérogatives du conseil d’administration dans ses prises de décision. Les réponses du conseil figurent sur le site Internet du groupe. Une autre question écrite a été adressée au conseil par un groupe d’investisseurs institutionnels (IRCANTEC, Mirova, CPR Asset Management, ERAFP, Phitrust), fait assez rare en France. Dans leur message, les investisseurs expriment leur inquiétude quant à la liberté syndicale dans une usine de Nissan située à Canton (Mississipi) et interrogent le conseil sur les mesures prévues par les représentants de Renault au sein de l’Alliance afin de promouvoir le respect des libertés syndicales et de négociation collective. La réponse, qui fait référence au respect de l’identité et de la culture de chaque entreprise, ne devrait pas les satisfaire. Ces éléments montrent que la confiance des investisseurs à l’égard du management est sérieusement altérée, un aspect que le conseil d’administration ne peut pas ignorer.