On le sait, l’obésité est devenue une pandémie mondiale. Un article publié début avril dans la revue médicale britannique The Lancet, qui s’appuie sur les données concernant 19,2 millions de personnes vivant dans 186 pays, a confirmé le fait. En 2014, 641 millions de personnes présentaient cette pathologie contre 105 millions en 1975. Si la tendance se poursuit, 18 % des femmes et 21 % des hommes seront atteints d’obésité en 2025, dont respectivement 6 % et 9 % d’obésité sévère. Il y a donc là un vrai problème de santé publique. Face à cela, de nombreuses initiatives ont été adoptées à travers le monde pour équilibrer les régimes alimentaires, en particulier dans les milieux scolaires et universitaires. Mais d’autres mesures visent à limiter l’absorption de sucre en instaurant des taxes sur certaines boissons, en particulier les sodas. Ces dispositions font toutefois systématiquement l’objet de campagnes d’opinion de la part des organisations professionnelles. Tel a été le cas au Mexique en septembre 2013, lorsque l’administration a annoncé l’introduction d’une taxe de 10 % sur les boissons sucrées. Cette mesure, qui a finalement été adoptée, aurait provoqué une baisse des ventes de ce type de produits dans le pays comprise entre 6 % à 12 % en 2014.
Mais les exemples similaires sont encore trop rares pour convaincre les opposants à la taxation des sodas. Ils estiment, études à l’appui, que l’efficacité d’une taxe dans la lutte contre le diabète et les maladies cardio-vasculaires est contestable pour plusieurs raisons : tout d’abord, parce que pour avoir une répercussion sur les ventes, le niveau de taxation doit être substantiel ; ensuite, parce qu’une baisse de la consommation de ces produits aurait au fond une influence assez faible sur la consommation quotidienne de sucres rapides et de calories ; enfin, parce que la baisse enregistrée sur la consommation de sodas pourrait s’accompagner d’une hausse de la consommation d’autres boissons ou aliments sucrés. Le combat des partisans d’une taxation est d’autant plus difficile que la présence des entreprises du secteur dans les milieux concernés (organisations sportives, nutritionnistes, etc.) est importante, comme le montre une étude de l’association allemande Foodwatch datant du 6 avril. Cette étude indique que la firme américaine Coca-Cola a versé à des professionnels ou chercheurs du monde de la santé près de 7 millions d’euros entre 2010 et 2015. C’est dans ce contexte que Pravin Gordhan, le ministre des Finances du gouvernement sud-africain, a annoncé en février dernier sa décision d’introduire une taxe sur les boissons sucrées (elle devrait entrer en vigueur le 1er avril 2017). Le taux n’a pas été définitivement arrêté, mais il pourrait atteindre 20 %. Ce taux n’empêche toutefois pas les détracteurs de la taxe de prédire qu’elle échouera à réduire la consommation de sucres dans un pays où près d’un quart de la population est obèse.