La taxe sur l’huile de palme est de retour en France : protestations de la Malaisie et de l’Indonésie

Le 21 janvier, les sénateurs français ont adopté en première lecture du projet de loi sur la biodiversité un amendement prévoyant une taxe additionnelle sur l’huile de palme. Par deux fois déjà, les sénateurs avaient rejeté un tel amendement : une première fois en 2013, lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, puis en 2015, dans le cadre du projet de loi sur la modernisation du système de santé. Cette taxe est fixée à 300 euros par tonne à partir de 2017 et elle sera augmentée progressivement pour atteindre 900 euros en 2020. L’Alliance française pour une huile de palme durable souligne déjà les effets contre-productifs que cette taxe pourrait avoir sur la promotion de bonnes pratiques environnementales dans ce secteur. L’Indonésie et la Malaisie, qui produisent 85 % environ de l’huile de palme mondiale, n’ont pas tardé à réagir lors d’une conférence de presse commune, le 6 février, par la voix du ministre des Ressources naturelles et maritimes indonésien, Rizal Ramli, et du ministre malaisien des Industries de plantation et des matières premières, Douglas Uggah Embas. Ces derniers ont notamment précisé qu’ils comprenaient que la France veuille préserver son industrie de l’huile d’origine végétale, mais que cette taxe déraisonnable violait les règles de l’Organisation mondiale du commerce et pourrait entraîner une dégradation des relations entre la France et leur pays. De plus, même si la France représente un marché mineur pour ces deux Etats, ceux-ci estiment que cette démarche pourrait susciter d’autres initiatives similaires. D’ailleurs, le 5 février, le quotidien économique russe Vedomosti a rapporté que le gouvernement russe avait, lui aussi, l’intention d’instaurer une taxe sur l’huile de palme (ainsi que sur les sodas). Le ministre de l’Economie, Alexei Ulyukayev, a justifié cette mesure par des questions budgétaires et de santé publique. Cette taxe s’élèverait à l’équivalent de 200 dollars par tonne et s’appliquerait dès le 1er juillet 2016. Pressions diplomatiques à suivre.