L’affaire des logiciels truqueurs de Volkswagen a ébranlé la confiance vis-à-vis des données censées mesurer la performance sociale et environnementale des firmes. La qualité de la mesure est pourtant indispensable pour piloter cette performance et orienter l’entreprise vers les objectifs qu’elle s’est fixés et qui doivent être compatibles avec l’intérêt général. Du reste, le trucage et l’imprécision des données ne touchent pas que le secteur de l’automobile. De nombreux doutes pèsent ainsi sur la fiabilité des rejets atmosphériques de l’industrie chinoise. Aucun audit sérieux n’a été effectué sur les centrales électriques par les autorités de ce pays depuis 2013, date à laquelle des centaines de données falsifiées avaient été relevées. Selon certains experts, manipuler des données est un exercice très facile. A la suite d’une enquête réalisée en décembre 2015 dans la province du Jiangsu, l’association écologiste Greenpeace a même identifié des usines ayant transmis aux autorités des émissions négatives. De son côté, la revue britannique Nature Communications a publié le 19 janvier dernier un article signé par deux chercheurs de l’université de Colombie britannique, Daniel Pauly et Dirk Zeller, qui réévaluent les estimations de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) en ce qui concerne la surpêche mondiale. En effet, alors que l’organisation onusienne estime que les prises en mer ont atteint, en 1996, un pic de 86 millions de tonnes, pour décliner ensuite d’environ 0,4 million de tonnes par an, les chercheurs considèrent que les captures s’élèveraient plutôt à 130 millions de tonnes en 1996 et baisseraient de 1,2 million de tonne par an depuis lors. Ils soulignent que ce déclin très sensible n’est pas dû à la volonté des pays de pêcher moins, mais plutôt à une surpêche et à l’épuisement des pêcheries les unes après les autres. Leurs travaux, conduits durant une dizaine d’années, s’appuient sur les résultats de quelque 200 études réalisées par plus de 400 experts de tous pays.