Depuis plusieurs années, les conditions de travail des migrants sur les différents chantiers de l’Etat du Qatar, en charge de l’organisation de la Coupe du monde de football de 2022, font l’objet d’intenses polémiques (journées interminables, salaires très bas, nombreux décès sur les chantiers…). Le 24 mars, l’association française de défense des populations victimes de crimes économiques Sherpa et la CGT ont annoncé qu’elles avaient déposé une plainte auprès du tribunal de Nanterre contre la société Vinci Construction Grands Projets (VCGP) et des dirigeants français de sa filiale qatarie Qatari Diar Vinci Construction (QDVC) pour « travail forcé, réduction en servitude et recel ». Sur les bases d’une enquête de terrain, l’association dénonce « des conditions de travail inhumaines et dangereuses », « des logements indignes », « des rémunérations sans rapport avec le travail fourni », des menaces à l’encontre des travailleurs et la rétention de leurs passeports. De son côté, le groupe Vinci, au sein duquel une filiale du fonds souverain du Qatar détient 5,3 % du capital ainsi qu’un siège au conseil d’administration, a réfuté ces accusations et décidé de porter plainte contre l’association, considérant que ces « propos diffamatoires [constituaient] une atteinte grave à [son] image ». De nombreuses réactions se font déjà entendre. Ainsi au Royaume-Uni, où Vinci a obtenu au début du mois de février la concession du stade olympique de Londres (qui doit accueillir à la fin de l’année cinq rencontres de la Coupe du monde de rugby), le Shadow Sport Minister, Clive Efford, a déclaré que si ces allégations se révélaient exactes, Vinci devrait être privé de cette concession.