Plus de 500 personnes ont perdu la vie, il y a quelques jours, en tentant de traverser la Méditerranée pour fuir les zones de conflit qui ravagent leur pays. Ce drame, l’un des plus meurtriers de ces dernières années, est le résultat d’un phénomène dont l’ampleur tragique ne touche pas seulement le pourtour méditerranéen, mais la plupart des régions du monde. Chaque année, ce sont des centaines de milliers de personnes qui partent de chez elles, chassées par les guerres, les expropriations, les événements climatiques ou la misère, à la recherche d’une amélioration de leurs conditions de vie, qu’en général, elles n’obtiennent pas. Privées de ressources, elles se retrouvent, pour tenter de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, à la merci de tous les trafics, dans des conditions qui relèvent parfois de l’esclavage, comme l’a montré l’actualité récente. Elles alimentent les besoins en main-d’œuvre très bon marché de certains secteurs d’activité, comme la construction, l’agriculture, la pêche ou la restauration, et leur situation tire vers le bas les conditions de travail des salariés les plus fragiles. Un cercle vicieux – où le malheur des uns fait le malheur des autres –, dont nous n’avons pas pris la mesure et qui concerne tous les acteurs de la société.