Un premier bilan de l’année 2012 met en évidence le décalage existant entre les attentes suscitées par l’urgence de certaines situations et les initiatives adoptées pour y remédier. Les conclusions de la conférence de Doha sur les changements climatiques ont malheureusement conforté cette sensation. Pourtant, des initiatives existent. Ainsi l’année 2012 a-t-elle vu l’approbation, le renforcement et la naissance de nouveaux marchés de permis d’émissions de gaz à effet de serre (Corée, Californie, Chine, Australie), mais aussi le semi-échec de la mise en œuvre du marché européen sur le transport aérien à la suite de l’opposition de pays extérieurs à l’Union (Chine, Etats-Unis, Inde…). Les incitations à investir dans les énergies renouvelables (prix de rachat de l’électricité garanti, taxe carbone, reporting obligatoire pour les émissions de GES…) se sont également multipliées, sans toutefois satisfaire pleinement les analystes, qui soulignent leur manque d’ambition et de stabilité. Sur le plan social, la Birmanie a annoncé l’interdiction du travail forcé, l’Inde va bannir le travail des enfants et la Chine prévoit de renforcer le contrôle des conditions de travail.
Parallèlement, on relève une montée en puissance des ONG qui saisissent les tribunaux (Areva pour faute inexcusable au Niger, Intermarché pour publicité mensongère, Shell pour pollution au Nigeria devant un tribunal néerlandais) ou les points de contact de l’OCDE (Holcim et Michelin en Inde, des entreprises sucrières aux Etats-Unis, Devcot en France).
L’année 2012 fait également ressortir quelques thèmes. Le climat et les énergies renouvelables bien sûr, mais aussi les questions de la rémunération des dirigeants (contestations en assemblée générale, initiative populaire en Suisse pour un contrôle par les assemblées d’actionnaires), de la représentation féminine dans les conseils d’administration (directive européenne), de l’emploi, de l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère ou situés dans des zones sensibles comme l’Arctique, de l’appropriation des terres (en Ethiopie, en Ouganda, au Cambodge, où un moratoire sur l’attribution des terres a été prononcé, ou ailleurs), de la maîtrise de la chaîne d’approvisionnement (conditions de travail dans le textile et l’électronique – qui semblent toutefois s’améliorer légèrement –, substances toxiques dans le textile – problématique marquée par l’engagement de grands groupes –, gestion de l’eau), de la corruption, des fraudes et des paradis fiscaux, des atteintes aux écosystèmes (palmiers à huile ou industrie de la pêche). Mais si la plupart de ces thèmes ont enregistré des réactions positives, il faut s’attendre à une augmentation des pressions en 2013 pour inciter les pouvoirs publics et les entreprises à conjuguer leurs efforts en faveur de solutions énergiques.