Corruption : Wal-Mart fait le ménage ?

Lorsque la direction de Wal-Mart a appris que le New York Times enquêtait sur de possibles actes de corruption pour l’obtention de permis de construire au Mexique au cours des années 2005-2006 (publication par le journal d’un rapport en avril 2012 – voir Impact Entreprises n° 148), elle a transformé ses opérations d’audit interne en de véritables investigations approfondies impliquant des centaines de juristes. En annonçant à la mi-novembre que les mesures adoptées s’étendaient à la Chine, au Brésil et à l’Inde, l’entreprise a implicitement admis qu’elle avait relevé suffisamment d’indices pour faire naître des soupçons sur ses pratiques dans ces trois pays, tout en soulignant qu’il convenait d’attendre la fin des investigations pour en tirer des conclusions. Quelques jours après cette annonce, on apprenait que dans le cadre de ces enquêtes, le géant de la distribution suspendait de leurs fonctions le directeur financier ainsi que plusieurs employés de la coentreprise spécialisée dans le commerce de gros détenue en Inde avec Bharti Entreprises.

Cette décision, qui ne préjuge pas de faits avérés selon le groupe, intervient elle-même un mois après que la presse indienne a révélé que la justice du pays menait, de son côté, une enquête afin de savoir si Wal-Mart avait enfreint la législation en apportant, en 2010, 100 millions de dollars à Cedar Support Services sous la forme d’un prêt convertible en actions de sa filiale Bharti Retail. A cette date, les investissements directs par des compagnies étrangères dans des entreprises de distribution de détail généralistes indiennes étaient encore interdits et la justice cherche à vérifier si cette opération ne visait pas à anticiper frauduleusement la réforme de la législation indienne survenue en septembre 2012 et qui autorise désormais les sociétés étrangères à détenir jusqu’à 51 % du capital d’entreprises de commerce de détail généralistes. Et ce, à un moment où les opposants à la réforme, petits commerçants en tête, font de plus en plus entendre leur voix dans une conjoncture économique qui montre des signes d’essoufflement.