La Suède renonce à mener une expérimentation « effrayante » dans la stratosphère

Le changement climatique mobilise désormais (presque) toutes les énergies, et les projets les plus fous germent dans l’esprit de certains scientifiques (IE n° 319). Parmi ces projets, le programme SCoPEx (Stratospheric Controlled Perturbation Experiment) a été lancé en 2019 par des chercheurs de l’université de Harvard. Cette expérimentation de géo-ingénierie solaire vise à libérer un volume contrôlé de particules dans la stratosphère. Ces particules réfléchiraient alors une très petite fraction de la lumière du soleil dans l’espace. Pour obtenir une idée précise de la réaction de la stratosphère et du système climatique, les chercheurs ont besoin d’observations de terrain. Mais ce projet et ces expériences sont combattus par certains scientifiques, qui les qualifient d’effrayants, ainsi que par les organisations écologistes.

Pour ses détracteurs, cette technologie est très risquée. Elle est susceptible de produire des conséquences extrêmes qui pourraient modifier les cycles hydrologiques, perturber le schéma des moussons, augmenter la sécheresse et faire oublier que le plus important reste de réduire les émissions de GES. Des communautés locales, comme les Sámis (un peuple autochtone du nord de la Scandinavie), s’opposent aussi à ce projet. Ainsi, sous la pression de cette communauté, l’agence spatiale suédoise a annoncé le 31 mars qu’elle annulait le test technique qu’elle avait envisagé et consistant à lancer un ballon à haute altitude près du cercle arctique. Ce test ne prévoyait la libération d’aucune particule dans la stratosphère, mais devait vérifier les instruments de communication et d’autres systèmes et tester le pilotage du ballon. Quoi qu’il en soit, les Sámis considèrent la décision de l’agence spatiale suédoise comme une victoire. De son côté, Åsa Larsson Blind, vice-présidente du Conseil des Sámis, a déclaré dans un communiqué que de telles solutions technologiques étaient « totalement contraires à ce que nous devions faire maintenant : nous transformer en sociétés zéro carbone en harmonie avec la nature ».