Faible performance des sociétés d’énergie renouvelable sur les droits humains

Si le développement des énergies renouvelables est bénéfique pour lutter contre le dérèglement climatique, il ne protège pas de toutes les atteintes à l’environnement ou des violations des droits humains. Ce dernier point est d’ailleurs encore insuffisamment exploré (voir IE). A cet égard, l’organisation britannique Business & Human Rights Resource Center a publié, le 29 juin, un rapport analysant et classant les seize plus importantes sociétés éoliennes et solaires cotées en Bourse sur la base du respect des Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme. Le document révèle que près de la moitié des entreprises ont atteint un score inférieur à 10 % sur le respect des droits de l’Homme, les trois quarts ayant obtenu des notes inférieures à 40 %. Le meilleur score a été celui de la société espagnole Iberdrola (53 %). Les sociétés françaises EDF Energy et Engie obtiennent respectivement un score de 31 % et de 28 %. L’étude montre que la croissance explosive de cette industrie au cours des dix dernières années a entraîné une augmentation des violations des droits de l’Homme, avec au moins 197 accusations enregistrées depuis 2010 et 40 pour la seule année 2019. Toutes les régions et tous les segments des énergies renouvelables (éolien, solaire, bioénergie, géothermie, hydroélectricité) sont concernés. Iberdrola elle-même a fait l’objet de plaintes. Cela étant, l’Amérique latine reste le continent ayant enregistré le plus grand nombre de cas.

En ce qui concerne les engagements des entreprises, les dispositifs de gestion des droits humains et les mécanismes de réclamation, le score moyen obtenu (35 %) est comparable à celui d’autres secteurs très critiqués sur le plan de l’exploitation des personnes, tels que l’habillement, l’agro-industrie et les industries extractives. Cependant, le principal problème auquel l’industrie est confrontée est son incapacité à freiner la pratique de l’appropriation des terres et à protéger les populations autochtones des dommages qu’elles subissent. Les accusations de violation des droits fonciers figurent parmi les cas les plus fréquemment signalés et aucune entreprise n’a montré qu’elle disposait d’une politique visant au respect de ces droits, à la surveillance des processus d’acquisition des terres ou à la réinstallation des résidents de manière équitable. Une seule entreprise a pris un engagement public sur les droits des peuples autochtones et aucune ne s’est engagée à protéger les droits des défenseurs de l’environnement. Cela peut d’ailleurs coûter cher aux entreprises, car là où elles nuisent aux communautés, des conflits peuvent éclater, menaçant de retarder les projets et d’entraîner des coûts financiers élevés. Dans son avant-propos, Mary Robinson, professeure auxiliaire pour la justice climatique au Trinity College de Dublin et ancienne présidente de la République d’Irlande, déclare que permettre aux entreprises des énergies renouvelables de suivre l’exemple des sociétés exploitant les énergies fossiles reviendrait à entraver la transition mondiale à faible émission de carbone.