Les pratiques de corruption constituent un passif lors de la cession d’entreprise

En décembre 2014, l’assemblée générale des actionnaires du groupe Alstom avait entériné la décision de vendre le pôle Energie du groupe à General Electric. La cession de ce fleuron de l’industrie française avait fortement marqué les esprits et défrayé la chronique. Et ce, d’autant plus que dans le même temps, l’entreprise était condamnée par les autorités américaines à verser une amende record de 772 millions de dollars pour des faits de corruption, notamment en Indonésie. Pour certains, General Electric aurait manipulé le Department of Justice américain pour précipiter la vente. C’est en tous les cas la thèse du livre Le Piège américain (janvier 2019), coécrit par Frédéric Pierucci, ancien directeur monde de la division chaudière d’Alstom. Ce dernier a purgé une peine de prison de vingt-cinq mois aux Etats-Unis dans le cadre de ce dossier.

Mais Alstom avait déjà été impliqué dans de nombreuses autres affaires, au point que le fonds souverain norvégien l’avait, en 2011, mis sous surveillance pour une période de cinq ans. Les conséquences des pratiques de cette période n’ont pas pour autant pris fin avec la vente des actifs du groupe français à l’entreprise américaine, puisque la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé le 22 mars dernier qu’elle interdisait à deux anciennes filiales d’Alstom, détenues par General Electric depuis 2015, de participer à des appels d’offres pendant une période pouvant aller jusqu’à soixante-seize mois. Ces deux sociétés, rebaptisées Alstom Egypt for Power Projects et GE Power Systems après leur acquisition, sont accusées d’avoir procédé, en 2006 et 2011, à des versements illicites afin d’influencer des fonctionnaires impliqués dans le processus de décision de deux appels d’offres en Egypte pour des générateurs destinés à des turbines à vapeur. La période d’exclusion peut être réduite à quarante-huit mois si les entreprises se conforment rapidement à toutes les conditions de l’accord. Mais elle peut également être élargie à d’autres banques multilatérales de développement en vertu de l’Accord d’exécution mutuelle des décisions d’exclusion.