Peu enclines à réduire leur production d’hydrocarbures, les compagnies pétrolières étatsuniennes accélèrent leurs investissements dans les systèmes de captage et de stockage du CO2. Le 13 juillet 2013, par exemple, ExxonMobil a fait l’acquisition de Denbury pour 4,9 milliards de dollars. Le 15 août, Occidental Petroleum (OXY) a annoncé l’achat des actions en circulation de Carbon Engineering pour un montant d’environ 1,1 milliard de dollars. Ces opérations récentes s’ajoutent à d’autres investissements annoncés au cours de ces derniers mois par les entreprises du secteur (Chevron, Equinor, TotalEnergies…).
Ces opérations – qui devraient encore s’accélérer dans les prochains mois – permettent aux sociétés de gagner sur deux tableaux. Elles continuent ainsi de profiter des rendements élevés de l’industrie pétrogazière, et en même temps, elles développent une nouvelle activité (le captage et le stockage du carbone), qui jouit justement du maintien à un haut niveau de la production pétrolière. Cette situation est d’autant plus intéressante qu’en plus de cela, les entreprises peuvent bénéficier de subventions de la part du gouvernement américain (plan Investing in America) pour construire des infrastructures destinées au captage et au stockage du carbone.
Le 11 août, le département américain de l’Énergie (DOE) a annoncé qu’il allait accorder jusqu’à 1,2 milliard de dollars pour permettre le développement de deux installations de captage direct du CO2 dans l’air à caractère commercial, l’une au Texas, l’autre en Louisiane. OXY a décroché mi-août l’une des deux subventions pour développer celle du Texas, conçue pour éliminer environ 1 million de tonnes de dioxyde de carbone par an. L’entreprise va aussi bénéficier de crédits d’impôt, puisque les incitations fiscales pour le stockage du carbone provenant du captage direct dans l’air sont passées de 50 à 180 dollars la tonne.
Ces technologies sont cependant très controversées à cause de leur coût (de 600 à 1 000 dollars la tonne de carbone aujourd’hui), de l’incertitude quant aux risques liés au transport et au stockage du CO2, et de la tentation de temporiser la réduction des émissions de GES qu’elles induisent.