On entend souvent dire que la demande pour les produits et services qui prennent en compte des préoccupations sociales et environnementales est encore trop faible. Pourtant, si l’on en croit les sondages régulièrement publiés dans la plupart des parties du monde, les intentions des consommateurs semblent être au rendez-vous. Mais les obstacles dus au pouvoir d’achat et/ou au manque de visibilité de ces offres tempèrent les motivations. En conséquence, des voix s’élèvent pour exiger que les agences de communication se détournent des produits et services ayant un impact négatif sur l’environnement et les droits humains ou, à tout le moins, qu’elles ne travestissent pas la réalité, et qu’elles s’orientent davantage vers ceux qui ont un impact positif.
À ce propos, le 24 avril 2025, le Washington Post a indiqué que 106 travailleurs migrants avaient introduit un recours contre les géants de la communication Omnicom et Ogilvy Public Relations, ainsi que plusieurs de leurs filiales, devant le tribunal du district sud de New York. Ils reprochent aux compagnies d’avoir, avant la Coupe du monde de 2022, déformé la réalité sur les conditions de vie et de travail au Qatar. De fait, ils accusent les agences d’avoir favorisé un trafic d’êtres humains qui les a amenés dans ce pays afin de construire les stades.
Les plaignants affirment que leurs passeports leur ont été volés, les empêchant ainsi de quitter le Qatar, et qu’ils ont vécu dans des conditions précaires et extrêmement dangereuses. Ils ajoutent qu’Omnicom et Ogilvy ont travaillé pour le compte du Qatar afin de réfuter les informations sur les conditions de travail des travailleurs migrants dans le pays, en organisant notamment des visites visant à tromper les journalistes sur la réalité. Cette opération de relations publiques a permis au Qatar de redorer son image et de répondre aux protestations de la communauté internationale selon lesquelles les abus de main-d’œuvre étaient endémiques dans le pays, et l’a aidé à maintenir un flux de main-d’œuvre corvéable.
Les plaignants se prévalent de la loi sur la protection des victimes de la traite d’êtres humains (Trafficking Victims Protection Reauthorization Act, TVPRA). Celle-ci dispose que les victimes peuvent poursuivre les auteurs d’abus même si l’implication de ces derniers ne consistait qu’à participer à une entreprise commerciale entraînant la traite d’êtres humains, et s’ils savaient ou auraient dû savoir que cette pratique entraînait cette exploitation. Les plaignants réclament des dommages et intérêts qui n’ont pas été spécifiés. La plainte a été déposée par Sparacino PLLC, un cabinet d’avocats spécialisé dans l’aide aux victimes d’attentats terroristes, de traite d’êtres humains et d’autres violations des droits humains.