Les fortes chaleurs sur le lieu de travail, nouvelle préoccupation majeure au niveau mondial

Le changement climatique entraîne des augmentations de température de plus en plus fortes et de plus en plus fréquentes. Cela a, évidemment, des répercussions sur l’environnement, mais aussi sur la santé des personnes, l’économie (les rythmes de travail sont perturbés, les accidents du travail augmentent…), les conditions de travail des ouvrières et des ouvriers sur les chantiers, dans les champs, les ateliers de textile, etc. Les abus se multiplient à travers le monde et conduisent à des souffrances extrêmes et des décès à cause du stress thermique.

Mais les organisations syndicales s’emparent du sujet. Le 4 mars, la Confédération européenne des syndicats (CES) a adopté une résolution sur le contenu que devrait inclure une directive européenne relative à la prévention des risques liés à la chaleur au travail. La CES appelle notamment à la fixation de températures maximales sur le lieu de travail, qui tienne compte des conditions sectorielles et personnelles. Elle préconise une évaluation obligatoire des risques liés à la chaleur. Les travailleurs devraient également bénéficier de certains droits, tels qu’un suivi médical sur leur vulnérabilité à la chaleur extrême et la possibilité de recevoir une formation sur cette question. Ils devraient aussi pouvoir suspendre le travail en cas de risque imminent, etc. Aux Philippines, la principale organisation syndicale, le Congrès des syndicats des Philippines (Trade Union Congress of the Philippines), a demandé en début d’année la mise en place de mesures comme des pauses chaleur pendant la partie la plus chaude de la journée, des formations adaptées…

En Sardaigne, région classée parmi les plus chaudes d’Europe, les syndicats ont adressé le 21 juin une lettre à la présidente de la région, Alessandra Todde, lui demandant de promulguer un arrêté interdisant le travail aux heures les plus chaudes de la journée. Cette revendication a gagné toute l’Italie et, le 2 juillet, un accord national a été signé. De fait, dans les régions, des ordonnances prescrivent désormais la suspension des activités de travail entre 12 h 30 et 16 heures pour certaines catégories professionnelles (agriculture et horticulture, activités forestières, carrières et chantiers routiers, construction et activités manuelles à forte exposition solaire). Ce dispositif est valable jusqu’au 31 août 2025 les jours où le système INAIL Worklimate signale un risque élevé de stress thermique.

Des mesures pour faire face à la chaleur sont mises en place dans d’autres régions du monde. Au Japon, depuis le 1er juin, les employeurs sont sanctionnés s’ils ne prennent pas les précautions adéquates pour protéger leurs travailleurs des températures extrêmes. Aux États-Unis, les maladies liées à la chaleur coûtent 1 milliard de dollars par an en frais d’hospitalisation. Pour la première fois, une norme nationale sur la chaleur au travail est à l’étude, malgré les coupes pratiquées par l’administration Trump sur le budget de l’Institut national pour la sécurité et la santé au travail et l’opposition de la Chambre de commerce des États-Unis. De son côté, le ministère de l’Emploi et du Travail sud-coréen prévoyait d’instaurer une pause obligatoire pour deux heures de travail effectif dès lors que la température ressentie était supérieure ou égale à 33 °C. Mais la Commission présidentielle de réforme réglementaire a demandé le retrait de cette clause du projet de loi sur la santé et la sécurité. Les syndicats, quant à eux, exigent qu’elle soit réintroduite.

L’Agence européenne pour l’environnement, quant à elle, a souligné, dans un rapport publié le 10 juin, les impacts climatiques disproportionnés sur les travailleurs agricoles migrants et a appelé à des mesures de protection contre l’exposition à la chaleur. En Inde, le secteur privé se mobilise. Ainsi, Digit Insurance a indemnisé des travailleurs migrants de la ville de Noida après que les températures ont dépassé 42 °C. Ces indemnisations sous conditions sont basées sur des seuils météorologiques plutôt que sur les pertes réelles. Elles visent à apporter une aide financière rapide sans longues évaluations des sinistres.